Un attentat n'entraîne pas forcément de rebond de popularité pour le pouvoir en place
George W. Bush, au sommet après les attentats du 11 septembre 2001
Le 20 janvier 2002, il y a 13 ans jour pour jour, George W. Bush souffle la première bougie de son mandat de Président des États-Unis. C'est un premier mandat commencé dans le trouble et la division du peuple américain, un mandat commencé par une élection pour le moins contestable face à Al Gore.
Pourtant, la popularité du Président atteint des records. Plus de 80% d'opinions favorables, aux États-Unis, personne ne l'aurait imaginé un an plus tôt.
Ce qui a tout changé, ce sont évidemment les attentats du 11 septembre qui ont unifié les Américains comme un seul homme derrière celui qui incarne l'unité nationale et que l'on a vu quelques jours après le drame à pied d'oeuvre aux côtés des pompiers de New York. Le 21 septembre, cette popularité record atteint même 90% d'opinions favorables. C'est un véritable état de grâce qui va assurer à Bush une réélection dans un fauteuil.
Aussi, on aurait vite fait d'y voir une règle que validerait la brusque remontée de la courbe d'opinions favorables de François Hollande qui a bondi de 21 points dans la foulée des attentats de Paris.
Pas d'effets notoires pour Jacques Chirac après les attentats de l'été 1995
La courbe de popularité de Jacques Chirac au coeur de l'été 1995, juste après l'attentat contre le RER B à Saint Michel, est là pour montrer que ce réflexe d'unité autour du chef de l'État n'est pas forcément automatique.
Ainsi, le Président nouvellement élu ne bénéficie pas d'une hausse de popularité après les attentats. Au contraire, avec une perte de 7% d'opinion favorable, il entame une longue chute dans les sondages que les grandes grèves qui émailleront la fin de l'année ne feront qu'accentuer. Et il faut noter que si ces attentats se ressentent dans une cote de popularité, c'est dans celle de Jean-Marie Le Pen
Il faut dire qu'au moment des attentats, la popularité de Chirac était encore haute au moment des attentats, ce qui est loin d'être le cas pour Bush, comme pour Hollande. Et puis en 1995, l'émotion nationale avait été nettement moins forte qu'elle ne le fut aux Etats-Unis après le 11 septembre et en France depuis deux semaines.
L'attentat de Madrid a condamné le pouvoir en place en mars 2004
De fait, les attentats n'ont pas profité à Chirac. Mais s'il y a un dirigeant européen qui a été véritablement condamné après des attaques contre son pays, c'est José Maria Aznar, Premier ministre espagnol de 1996 à 2004. Organisées trois jours après les attentats de la gare d'Atocha, les élections législatives voient l'opposition socialiste arriver au pouvoir.
Il faut dire qu'Aznar avait tenté de faire porter le chapeau des attentats à l'ETA pour que son parti, qui avait soutenu l'intervention américaine en Irak, n'en soit pas tenu responsable.
Mauvais calcul de la part d'Aznar qui nous rappelle que les attentats ne sont pas forcément favorables au pouvoir en place. En la matière, il n'y a pas de réflexe pavlovien de la part de l'opinion publique.
Finalement, tout dépend de l'attitude des dirigeants.
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