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Après Toulouse, "mission accomplie" ou assaut de questions

Après l'assaut du RAID à Toulouse, la presse tire le bilan d'une semaine dramatique. Hommage ou polémique autour de l'action des hommes du RAID, beaucoup de questions aussi autour de l'affaire Mohamed Merah.
Article rédigé par Jean-Christophe Martin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Deux invités dans l'Hyper revue de presse :

 - Jean-Claude Souléry, rédacteur en chef de la Dépêche du Midi. La Dépêche qui comme beaucoup de ses confrères ce matin, peut-être encore plus à Toulouse, se pose des questions sur l'affaire Mohamed Merah...

 -  François Dufour, rédacteur en chef du Petit Quoditien, le quotidien
des plus jeunes, des enfants à partir de 6 ans, il nous dira comment on parle aux enfants d'un drame
comme celui de Toulouse.

La presse se pose beaucoup de questions ce matin après l'intervention du RAID à Toulouse...

 

"Mission accomplie", c'est le bilan sans nuance à la Une du Figaro avec une photo des hommes du RAID cagoulés. Une partie de la presse est moins catégorique... "Après l'assaut, les questions", à Toulouse, c'est le titre de la Dépêche du Midi... Pour le Courrier de l'Ouest, "Après le cauchemar, place aux  polémiques", pour Midi Libre aussi, c'est maintenant "Le temps des questions"... Questions à formuler avec prudence pour la Croix qui rappelle que c'est trop facile à posteriori de juger de ce qu'il aurait fallu faire ou pas...

Des questions quand même et même "des zones d'ombre", c'est le titre de Libération, avec une série de questions autour de l'intervention du RAID... L'enquête a-t-elle démarré assez vite, l'identification informatique a-t-elle traîné pour identifier le tueur de Toulouse et Montauban, pourquoi Mohamed Merah n'était-il plus surveillé ou encore quel rôle a joué Claude Guéant à Toulouse ?
Là où le Figaro décrit l'action du ministre de l'Intérieur comme celle d'un efficace relais du président sur le terrain, Libération préfère citer des policiers "énervés" par les déclarations hâtives de Claude Guéant et "sa tendance à se prendre pour un chef d'enquête".

Des questions aussi autour du rôle des services de renseignement : ont-ils failli se demandent l'Humanité et Marianne ? Même question dans Libération, Nicolas Demorand se demande si les services de renseignement n'ont pas lourdement failli, ces mêmes services qui  ont pourtant su mobiliser toute leur puissance pour une épicerie à Tarnac et pour des fadettes de journalistes...

Pour Patricia Tourancheau, toujours dans Libération, "le Renseignement était aux abonnés absents à Toulouse" et c'est "le contre-espionnage version Sarkozy qui est mis en cause, y compris à droite". Elle parle même dans Libération d'un "ratage phénoménal" avec Mohamed Merah, ratage qui ne peut manquer, écrit Libération, de jeter le trouble sur l'activité et la conception de la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, créée sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy.

Les services de renseignement ont-ils fait leur travail, la même question est posée par Isabelle Lasserre dans le Figaro. Et la réponse est différente. Plus question de "ratage phénoménal", le Figaro cite des sources proches du dossier selon lesquelles l'affaire Mohamed Merah prouve au contraire à quel point le nouveau dispositif français du renseignement a permis d'être plus efficace puisque Mohamed Merah était sur les listes de djihadistes à surveiller et qu'il a été rapidement identifié.

A ceux qui ont des doutes et qui posent des questions, à ceux qui polémiquent, Yves Thréard répond dans le Figaro en s'adressant à ceux qu'il appelle les "donneurs de leçons"... Il leur rappelle que la France est un Etat de droit, avec des procédures à respecter, et pas une dictature policière. Il ironise sur ces intellectuels, ces élus de gauche, du PS et leurs succursales associatives de défense des droits de l'homme qui ne perdent jamais une occasion de crier au scandale.

Les mêmes, dit-il, qui aujourd'hui mettent en cause le travail des services de police et s'autorisent à chercher des failles. Est-ce que dans son éditorial à la Une du Figaro, Yves Thréard pense à Alain Juppé qui a justement  employé ce mot de "faille", il ne le dit pas, mais il conclut que ces donneurs de leçons, à l'esprit aussi contradictoire que tordu, se trompent de combat. Ce qui n'empêche pas une partie de ses confrères dans la presse ce matin de poser des questions et de chercher des failles.

 

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