"Il a fallu digérer" : le plongeur Alexis Jandard revient sur sa chute médiatisée à l'inauguration du centre aquatique et sur ses ambitions olympiques

La vidéo de sa démonstration ratée devant Emmanuel Macron a fait le tour du monde. Alexis Jandard retient le côté positif du coup de projecteur involontaire mis sur sa discipline et explique comment il n'a pas laissé l'incident nuire à sa préparation, ce qui a conduit à un titre de champion d'Europe fin juin.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Alexis Jandard, champion d'Europe plongeon synchronisé à trois mètres, le 22 juillet 2024. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Nous sommes le 4 avril dernier, jour de l'inauguration du centre aquatique olympique à Saint-Denis qui accueillera les épreuves de natation artistique, de water-polo et de plongeon. Trois qualifiés tricolores, dont Alexis Jandard, font une démonstration sous les yeux d'Emmanuel Macron. L'athlète de 27 ans glisse sur la planche et tombe dans le bassin sur le dos. La vidéo fera le tour du monde. Il expliquait alors avoir eu "une faiblesse sur sa jambe". "Je suis tombée dans l'eau, ce sont des choses qui arrivent, malheureusement c'était devant toute la France et devant Monsieur le Président. C'est dommage. Mais rien de bien grave." Plein d'autodérision, l'ancien gymnaste enregistre dans la foulée un tuto qui cartonne sur les réseaux sociaux : "Comment bien rater son plongeon ?", en partenariat avec la Fédération française de la loose (FFL), un site humoristique sur les défaites dans le sport français.

À quelques jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, Alexis Jandard confie son impatience d'y être et revient sur sa soudaine notoriété suite à son plongeon raté. "Il a fallu digérer ce qui venait d'arriver. Dans un premier temps, j'ai voulu rassurer tout le monde parce qu'après la chute, en fait, il y en a plusieurs qui se sont posés la question si j'étais encore capable de participer aux Jeux olympiques, si j'étais blessé ou non. On s'est vite rendu compte que tout allait bien et que c'était un couac à un moment inopportun, mais qui, finalement, a pu me porter, je pense, sur cette saison olympique." Il rassure donc, plus de peur que de mal.

"Physiquement tout allait bien. Je pense que c'est l'égo qui en a pris un coup."

Alexis Jandard, plongeur

à franceinfo

L'athlète raconte avoir refait une compétition dans ce même CAO.  "Voilà, la malédiction est levée !", plaisante Alexis Jandard qui affirme n'avoir retiré que "du positif avec tout l'engouement qu'il y a eu derrière. Ça a été une chance pour les Français, voire le monde, qui ont découvert mon nom et ma discipline. Finalement, c'était un bon cadeau à trois mois des Jeux olympiques, c'était une bonne mise en lumière".

"Je suis avant tout un athlète de haut niveau"

Cette nouvelle notoriété s'est traduite par des centaines d'appels, "j'ai pris 40 000 followers supplémentaires sur mes réseaux sociaux, j'ai fait six plateaux tv en trois jours", énumère Alexis Jandard, "ça a été mouvementé. Je m'en suis amusé de mon côté avec, par exemple, la Fédération française de la loose. Mais j'ai veillé à ne pas m'enfermer dans ce rôle,  je suis avant tout un athlète de haut niveau qui performe".

L'important c'était de rester concentré sur ses objectifs avec l'échéance trois mois plus tard des Jeux olympiques. "Je travaille dessus depuis plus de dix ans, donc maintenant, il ne fallait pas se laisser submerger par des éléments extérieurs qui auraient pu me perturber." Le plongeur a donc pris un agent, "parce qu'être solllicité comme ça, quand on passe de tout à rien, ça peut être fatiguant. Et je pense que dans un moment comme celui-ci, la préparation à l'échéance était primordiale. Donc je me suis entouré de personnes qui ont pu me décharger, qui ont pu organiser toute la logistique autour de cette médiatisation. "

"Même s'il y a de très beaux résultats à l'avenir", les images de son plongeon ont fait le tour du monde, les gens continuent de lui en parler, son visage est maintenant identifié et risque d'être définitivement associé à cette chute. "C'est ça qui m'a fait découvrir, c'est ainsi, commente-t-il fataliste. J'ai vu des champions olympiques, par exemple, Greg Louganis, qui a été quand même double champion olympique à trois mètres et après avoir tapé la planche avec sa tête. On n'a pas retenu qu'il avait fait double champion olympique, on a retenu qu'il avait tapé la tête avec sa planche. Je n'ai jamais été réticent à cette idée pour autant. Mais maintenant que j'ai une certaine 'notoriété', autant l'utiliser à bon escient pour montrer que je ne suis pas seulement celui qui s'est viandé mais aussi un athlète qui peut performer. Et en ce qui concerne ma discipline, je pense que c'est tellement un beau coup de projecteur et ça me tient à cœur de laisser une trace de mon passage pour ma discipline, pour le sport en général et pour l'héritage qu'on va avoir après les Jeux olympiques."

Une revanche sur les Jeux de Tokyo, gâchés par le Covid

Des Jeux auxquels il avait participé en 2021 à Tokyo, heurtés par la crise du Covid. Alexis Jandard avait terminé 16ᵉ en épreuves individuelles. S'il dit vouloir prendre "sa revanche" aux JO de Paris, ce n'est pas tellement pour sa performance sportive mais pour rattraper l'ambiance particulière d'il y a quatre ans, à cause de la pandémie. " Pas de cérémonie d'ouverture, on mange au self avec une vitre en face des autres. On ne peut pas aller encourager les copains. On doit repartir 24 heures après notre compétition. Une expérience qui a été inachevée à mon goût et que je vais pouvoir vivre de bout en bout à Paris. J'ai hâte de pouvoir profiter pleinement de cette expérience qui m'est offerte."

Il se souvient qu'en 2008, il avait regardé la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin. "J'ai vu tout le monde marcher derrière Tony Estanguet, avec des objectifs de performance, des objectifs de réussite, d'aboutissement de projets. Les Jeux, c'est un moment à part. C'est un OVNI qui débarque tous les quatre ans sur Terre, pour lequel on se bat tous les jours, nous tous, athlètes. C'est un peu une récompense et c'est aussi un moment qu'on doit respecter car c'est un moment privilégié qu'on est allé chercher, qu'on mérite et aujourd'hui, j'ai envie de prendre les choses avec le sourire, de profiter de chaque instant parce que ça arrive une fois dans une vie et encore plus à la maison."

Champion d'Europe en plongeon synchronisé à trois mètres avec son coéquipier Jules Bouyer fin juin, ils tenteront de décrocher l'or olympique le 2 août prochain. 

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