Ils ont fait l'actu. Jean-Paul Dubois, prix Goncourt 2019 : "Le Goncourt, c'est une séance de tirs au but"
Comme tous les étés, Sébastien Baer revient sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Jeudi, L'écrivain Jean-Paul Dubois qui a été récompensé par le prix Goncourt 2019.
4 novembre 2019. Jean-Paul Dubois reçoit le plus prestigieux des prix littéraires, le Goncourt. À 69 ans, l'écrivain toulousain est récompensé pour son 22e titre "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" (Éditions de l'Olivier). Quand il arrive chez Drouant, le restaurant où est décerné le prix, Jean-Paul Dubois – déjà lauréat du Femina en 2004 – a du mal à y croire. "Je peux vous dire que j'éprouve un étrange bonheur, une joie bizarre, je n'ai jamais désiré quelque chose qui pour moi n'aie pas une réalité. Ce n'est pas du tout une ingratitude mais ça fait partie d'un caractère intérieur", explique Jean-Paul Dubois.
En quelques semaines, le roman de Jean-Paul Dubois, qui s'était vendu à 46 000 exemplaires à sa parution, a profité à fond de l'effet Goncourt puisqu'il approche désormais des 500 000 ventes et qu'il est traduit en 25 langues. Depuis qu'il a reçu le prix, le discret romancier n'a pas changé grand-chose à sa vie. Il partage son temps entre sa maison de Toulouse et sa résidence dans les Landes. Le Goncourt n'aura rien changé à sa vie : il continue à faire une heure de vélo par jour, à fuir les salons du livre et les mondanités et à afficher un profil modeste. "Il n'y a ni avant, ni après, la vie continue. Si, il y a eu une journée particulière, c'est le 4. J'ai repris ma vie normale le 5", se souvient Jean-Paul Dubois. "Dans ma tête, ça ne change rien du tout. Je conserve les mêmes peurs, les mêmes angoisses. Vous ne changez pas un type en lui donnant quelque chose", ajoute l'écrivain qui a esquivé les sollicitations diverses qui ont suivi l'attribution de son prix. "Vous dites que c'est gentil mais que vous ne pouvez pas. Il y a une part que je ne peux pas faire et qui va me rendre malade. Et je ne peux pas me rendre malade pour un livre. J'aime ma vie de tous les jours et je n'aime pas en sortir". Jean-Paul Dubois explique qu'il ressent certaines limites et qu'il refuse d'aller au-delà : "Quand quelque chose qui est censé m'apporter quelque chose me rend malheureux, c'est quand je suis à un endroit où je n'ai pas envie d'être et que l'endroit où j'ai envie d'être me manque."
Jean-Paul Dubois estime que les prix littéraires qu'il a reçus doivent énormément à la chance : "Je suis un type extrêmement chanceux dans mon travail. Le Goncourt, c'est une séance de tirs au but. Un jour, le poteau va renvoyer la balle à l'extérieur et l'année suivante, pour un autre livre, le poteau va renvoyer le ballon à l'intérieur. Alors je suis heureux comme un mec qui marque un but avec le poteau. Mais il sait ce qu'il doit au poteau".
Le titre du prochain roman : en un mot
Récompensé à 69 ans, l'auteur estime que le prix ne lui apporte rien, à part peut-être "la possibilité de pouvoir vivre sans écrire d'autres livres". Malgré tout, le Toulousain a déjà en tête le titre de son prochain roman. Il sera constitué d'un unique mot "qui commence par un A et finit par un E", s'amuse l'auteur.
Presque à coup sûr, le prochain héros de Jean-Paul Dubois s'appellera Paul, comme dans nombre de ses romans. Il sera peut-être aussi question de rugby, l'une des passions de Jean-Paul Dubois, d'un dentiste et d'une voiture dont tous les détails techniques seront dévoilés avec exactitude. Ce sont là quelques-uns des ingrédients fétiches et récurrents de l'auteur toulousain, qui –dans une autre vie– rêvait de devenir skieur professionnel ou photographe.
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