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Ils ont fait l'actu : Thomas Jolly, metteur en scène des cérémonies des Jeux olympiques 2024 à Paris

Thomas Jolly, 41 ans est acteur mais avant tout metteur en scène de pièces de théâtre comme de comédies musicales. Ces quatre spectacles pour les Jeux olympiques de l'an prochain, sont déjà écrits. Les premières répétitions auront lieu au printemps.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Thomas Jolly, metteur en scène des cérémonies des JO 2024 à Paris. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

21 septembre 2022, Thomas Jolly est annoncé comme directeur artistique des cérémonies de Paris 2024. À 41 ans, lui qui vient du théâtre public a été choisi par le Comité olympique parmi plusieurs dizaines de postulants pour, selon Tony Estanguet, patron du comité d'organisation des JO, "ses spectacles hors norme qui cassent les codes." À lui donc d'imaginer quatre spectacles en tout pour l'ouverture et la clôture des Jeux olympiques et paralympiques, avec comme décor le cœur de Paris et comme thème le récit national. Tout un programme.

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Avoir la capitale (et le Stade de France) comme terrain de jeu est un vrai défi qu’il compte relever avec une "joie créative", il se projette "comme souvent dans les cérémonies olympiques, il y a un retour sur l'histoire du pays. Je n'ai même pas besoin de le faire puisque nous la traversons, cette histoire. Avec tous ces monuments, j'ai le plus beau décor. J'ai la Seine comme scène embrasée. En tout cas, le moyen de réunir le feu et l'eau. Ce serait une jolie, une jolie idée", déclare Thomas Jolly.

Talentueux, inventif, infatigable. Cette année, sa création d'une nouvelle version de l'opéra-rock Starmania, récompensée par deux Molières, s'est jouée à guichets fermés. Comme sa nouvelle production de Roméo et Juliette à l'Opéra de Paris. Son temps et sa tête sont désormais entièrement pris par les JO. Lui, qui a mis en scène à Avignon un Shakespeare long de 18 h, est un habitué du gigantisme et des expériences visuelles éclatantes. Il promet du spectaculaire et du sobre pour ces cérémonies. Il vient de présenter le concept artistique à la direction du Comité international olympique (CIO), qui a loué dans la presse "l'intelligence et la pertinence de chacun des tableaux ". Après l'avoir sondé, on n'en saura pas plus : "C'est top secret", raconte Thomas Jolly, encore très ému d'avoir été choisi.

La consécration

Il se souvient du jour où il a reçu le texto de Tony Estanguet lui souhaitant la bienvenue dans l’équipe

"C'est un vrai honneur, une vraie fierté et, surtout, c'est une chance inouïe. Ça n'arrive qu'une fois par siècle et d'avoir la possibilité de prendre en charge le plus grand spectacle du monde, ça fait partie des rêves auxquels je n’osais même pas rêver" 

Thomas Jolly

à franceinfo

Les quatre spectacles sont tous écrits. Il travaille depuis le mois de décembre avec une équipe resserrée d’auteurs et d’autrices "venus d'univers différents de la télévision, du cinéma, de la littérature, du théâtre", dont il ne révélera pas les noms. "On a travaillé très intensément pour avoir le récit des quatre cérémonies. Là, on rentre dans la phase de transcription, de traduction de ces récits dans le réel. Paris est, pour moi, une espèce de laboratoire d'une conception plurielle du vivre-ensemble. C'est le bordel Paris, mais ça marche ! Et c'est ça que les cérémonies diront certainement au monde", suggère Thomas Jolly.

Il a eu carte blanche et un budget d’un peu plus de 135 millions d’euros, un cahier des charges environnemental notamment, et des contraintes, comme "le vent, le courant, la hauteur des ponts, la solidité d'un quai.... Bien sûr, il y a des contraintes techniques, des contraintes budgétaires. Parce qu'on n'est pas dans une économie qui est infinie", confie-t-il.

"Quatre grandes surprises"

Comment fait-il pour garder le secret ? "J’ai une équipe très rapprochée et honnêtement, au-delà du secret d'abord, je serai déçu. Je suis en train de préparer une grande surprise, quatre grandes surprises même, et si je disais aujourd'hui ce à quoi je pense pour des raisons technico-logistiques, ce ne serait certainement pas ce qui aura lieu l'année prochaine..."

Quant aux répétitions, "au printemps 2024", il faut encore les peaufiner : "On s'est donné toute cette année-là pour travailler avec nos outils, c'est-à-dire à la fois l'étude du terrain, mais aussi des visualisations en 3D, des croquis, dessins, tableaux, maquettes pour conceptualiser le spectacle en théorie."

On imagine aussi la machine que ces cérémonies représentent en termes de casting, tous ces artistes qui vont traduire la pensée et son travail collectif. Il se réjouit de travailler avec toute cette "France qui est un vivier de créateurs et de créatrices dans tous les domaines, tellement vivifiant. Il y a 1001 compagnies, par exemple, sur tout le territoire en France, qui font des travaux spectaculaires et très pertinents. Le travail, maintenant, c'est d'aller à leur rencontre, de faire connaissance, d'entrer en dialogue. Moi, j'avais très envie que cette cérémonie ne soit pas juste le 'grand spectacle de Thomas Jolly', mais que ce soit, au contraire, une espèce d'hommage à la créativité française et à sa diversité", confesse Thomas Jolly.

Il se souvient aussi de son premier souvenir des JO : "J’étais très petit et c’étaient les Jeux olympiques d'hiver. Et c'est Surya Bonaly qui a été mon idole de jeunesse. Je savais qu'elle avait inventé une nouvelle figure et je me souviens que ça avait fait événement. Je me souviens aussi du scandale autour du racisme autour d’elle. Pour moi, elle était une héroïne. Après, les Jeux olympiques restent pour moi un souvenir de vos vacances avec mes parents, avec des moments où la télé est allumée en permanence, la vie qui continue... Mais il y a toujours, quelque part, les sportifs acclamés, la foule, les commentateurs, les remises de médailles."

Il s'apprête à son tour à rentrer dans l'histoire des JO : rendez-vous pour la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024 à 20h24. Au moins 600 000 spectateurs et des milliards de téléspectateurs sont attendus.

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