"Abus de faiblesse", une escroquerie vécue par Catherine Breillat
L'affaire a commencé en 2007. Catherine Breillat contacte cette année-là Christophe Rocancourt, connu alors comme l'arnaqueur des stars, déjà condamné à plusieurs reprises pour avoir escroqué le tout Hollywood. Elle le contacte pour lui proposer un rôle dans un projet de film. La cinéaste est alors dans un état d'extrême fatigue suite à un accident vasculaire cérébral et le projet de film traîne. Mais la réalisatrice va faire plusieurs gros chèques au play-boy, pour un montant total de plus de plus de 700.000 euros, avant de le poursuivre pour abus de faiblesse. L'affaire s'est soldée il y a deux ans par la condamnation de Christophe Rocancourt à 16 mois de prison dont huit fermes.
Ce film n'est pas vraiment une reconstitution de ce fait divers et n'est pas non plus un exutoire pour Catherine Breillat. C'est ce qui fait la qualité du film, c'est ce qui fait qu'il surprend car à partir de son histoire, Catherine Breillat fait vraiment oeuvre de fiction.
Le personnage qu'incarne Isabelle Huppert et qui s'appelle Maud est certes aussi victime d'un AVC, elle est aussi cinéaste, et fait aussi appel pour un rôle à un jeune escroc incarné par Kool Shen, mais elle n'est jamais présentée come une victime.
Le film explore une relation beaucoup plus complexe, faite à la fois d'attirance, de rapports de force, de jeux de pouvoir. Une relation qui du coup a valeur universelle et dans laquelle chacun peut, à un moment donné, se reconnaître. Tout cela, Catherine Breillat le montre de manière assez clinique, dans un film où il y a de la souffrance, de la manipulation, de l'humour aussi, mais qui n'explique jamais rien et surtout pas comment cette femme a pu se faire autant avoir.
"C'était moi et ce n'était pas moi ". Voilà la seule explication que donnera le personnage principal, personnage qui reste donc une énigme, et c'est ce qui a séduit Isabelle Huppert.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.