Brasil Bam Bam Bam : le rêve brésilien de Gilles Peterson

Sous ce nom de code, Sonzeira, Peterson a réussi ce qui pourrait bien être la meilleure carte postale brésilienne du moment. Une carte signée par des stars du moment ou des légendes : Seu Jorge et Emanuele Araujo pour les plus jeunes, Marcos Valle, Nana Vasconcelos ou Elza Soares pour les plus vénérables.

Tous réunis par cette star des ondes britanniques. Peterson, c'est un peu "Tintin au pays des DJ" (DJ, selon le sens anglais de ce mot : passeur de musique à la radio). Ce globe-trotter d'origine franco-suisse a grandi en Normandie, où un magasin de disque a provoqué ses premiers coups de foudre musicaux, notamment dans la musique brésilienne.

Des années plus tard, avec ce projet hors-norme (ni vraiment une compil, ni un disque de reprises), Gilles Peterson réussit un hommage complet et très personnel à cette musique aux racines noires et latino-américaines, et à l'ADN complexe.

Grand fan et connaisseur de sons cubains et brésiliens, il est retourné à Rio cet hiver, pour tenter de percer un peu plus les secrets de cette ville, à la rencontre de ses idoles, comme le percussionniste Nana Vasconcelos ou la reine de la samba Elza Soares.

Cette dernière est encore aujourd’hui le plus bel exemple du mariage brésilien entre la musique et le foot : découverte à 13 ans par un radio crochet en 1950, cette chanteuse élevée dans les favelas fut aussi l'épouse, pendant presque 20 ans, de Garrincha, joueur de foot brésilien légendaire, pour un mariage explosif. Soares, monument national brésilien, à qui Peterson fait reprendre le standard Aquarella do Brazil (devenu, en anglais, le Brazil du film de Terry Gilliam), dans une interprétation originale et sensible. C’est toute la force de ce disque : Peterson, chef d'orchestre audacieux, respecte les racines, mais manipule aussi avec intelligence la matière très changeante de la musique brésilienne, avec le regard émerveillé d’un enfant dans un magasin de jouets.