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"Citizenfour" : la véritable histoire d'Edward Snowden

Fraîchement oscarisé à Los Angeles, le documentaire France Info "Citizenfour" sort dans les salles françaises. Un film réalisé par la journaliste Laura Poitras, qui a pu filmer le lanceur d'alerte Edward Snowden au moment où il s'apprêtait à divulguer le scandale des écoutes de la NSA.
Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Edward Snowden dans "Citizenfour" © Laura Poitras)

L’histoire est désormais célèbre : juin 2013, l'ingénieur de 29 ans livre au quotidien The Guardian des milliers de documents secret-défense qui révèlent ce scandale d'espionnage à grande échelle par l'Agence nationale de sécurité américaine, la très secrète NSA, son propre employeur.

Ce que l’on ne savait pas en revanche, c’est qu'Edward Snowden avait été filmé avant, pendant et après ces échange d'informations. Snowden avait en effet lui-même contacté Laura Poitras sous son pseudonyme de l'époque : "Citizenfour" ..

Dans l’intimité d'Edward Snowden

Habituée des thématiques liées à la surveillance de masse, Laura Poitras nous embarque dans ce scandale mondial par le prisme de l’humain : elle filme Snowden dès le 3 juin 2013, deux jours avant la publication des premiers articles, dans sa chambre d'hôtel à Hong Kong.

Il y a là Glenn Greenwald et Ewen McAskill, les journalistes du Guardian qui dévoileront ses informations au compte-gouttes. Jusque là, ils avaient communiqué avec  "Citizenfour" par messages cryptés. Mais ce jour-là, ils le découvrent en chair et en os : un jeune homme aux traits quasi adolescents dissimulés derrière de fines lunettes. Calme, déterminé à se battre pour le respect de notre vie privée à tous il a lui-même mis sa vie affective en danger pour pouvoir informer le monde des agissements de son pays.

La caméra de Poitras suit ainsi tous les échanges entre les trois hommes, avant le scandale, puis après, jusqu’à l’exfiltration de Snowden vers la Russie.

Plus qu’un documentaire, un film d'espionnage

La réalisatrice parvient à filmer les réactions de Snowden au plus près, sans jamais franchir la ligne de la subjectivité. Et elle tire le meilleur parti de ces images historiques. Sans autre artifice qu’un montage ciselé, elle nous embarque dans un crescendo haletant, entre Hong Kong, Rio, New York et Berlin.

Et puis il y ce contexte, totalement inédit au cinéma : le spectateur suit en temps réel une histoire d'espionnage tout ce qu'il y a de plus authentique.

On découvre alors la prudence quasi-paranoïaque dont il doit faire preuve : il tape ses codes informatiques sous une couverture opaque, débranche le téléphone pour ne pas être écouté. Il y a cette scène pleine de tension où il donne des infos cruciales aux journalistes du Guardian quand d'un coup, l'alarme incendie de l’hôtel se déclenche, plusieurs fois. Un silence de mort s’installe dans la chambre. Heureusement, c'est une fausse alerte ..

Malgré les doutes, malgré la peur, Edward Snowden apparaît d’un sang-froid et d’un courage à toute épreuve. Même après être devenu la cible numéro un des services secrets américains (il est inculpé pour espionnage et vol), au moment où à tout instant la CIA ou la NSA peut le retrouver, il semble gérer le stress avec un flegme impressionnant.

Soulagé d’avoir pu être "utile" aux autres, il accepte son sort à venir, quel qu’il soit : en l’occurrence, Julian Assange et les services de Wikileaks parviennent à l’exfiltrer de Hong Kong vers la Russie, où il réside toujours à l’heure qu’il est, après avoir obtenu un droit de résidence de trois ans. 

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