Culture d'été. "As bestas", un thriller rural par le maître espagnol du suspense
Le nouveau film de Rodrigo Sorogoyen, "As bestas", avec Marina Foïs et Denis Ménochet, sort en France mercredi 20 juillet.
Quel que soit le sujet, Rodrigo Sorogoyen met une tension singulière dans ses films: une enquête policière dans la moiteur de Madrid l'été dans Que dios nos perdone, un scandale politico-financier tourné comme un polar dans El reino, ou le deuil impossible d'une mère dans Madre, son cinéma harponne le spectateur et ne le lâche pas.
Dans As bestas, le premier personnage inquiétant c'est le décor naturel : ces montagnes de Galice, aussi belles qu'austères, où s'installe un couple de Français, Marina Foïs et Denis Ménochet, venus refaire leur vie dans l'agriculture biologique. Entre ces étrangers qui vendent bien leurs tomates au marché du coin et les voisins, pauvres, une veuve taiseuse et ses deux fils qui boivent beaucoup, la cohabitation va tourner au cauchemar. "Ils sont honnêtes dans leur démarche. Ils ont décidé de changer de vie, de venir s'installer là. C'est un vrai choix de vie, explique Denis Ménochet. Et c'est une histoire vraie. Dans la réalité, au début ils s'entraidaient. C'est un couple de Français, des anciens instituteurs, et on leur reproche très vite ce statut, d'avoir la connaissance."
"Quand Luis Zahera joue, même les animaux s'arrêtent"
Sans ostentation, Rodrigo Sorogoyen filme la colère et la peur que suscitent ces deux frères, dont les coups bas pourissent le quotidien du couple de Français. Par ses travellings inquiétants dans la forêt, ses choix dans le récit du drame à venir, le réalisateur infuse la violence, mais ne juge pas ses personnages. Il filme deux mondes qui ne parviennent pas à vivre ensemble. Le mano a mano entre les deux personnages masculins offre des scènes de tension extrême.
L'acteur espagnol Luis Zahera a bluffé Denis Ménochet. "Je pense que c'est le meilleur acteur avec qui j'ai eu la chance de jouer, de très loin. Quand il commence à jouer, tout le monde, même les animaux, s'arrête. C'est dingue, ce n'est jamais pareil, comme du jazz... Je n'en reviens toujours pas."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.