Culture d'été. "Sundown " : l'été meurtrier de Tim Roth et Charlotte Gainsbourg
Culture d'été au cinéma, mercredi 27 juillet, avec la sortie en salles de "Sundown", du Mexicain Michel Franco, avec Tim Roth et Charlotte Gainsbourg. Un thriller familial intime sur fonds de violence urbaine dans la ville d'Acapulco, un film surprenant et plein de mystères.
Quand un cinéaste traverse une crise existentielle, mieux vaut qu'il épargne ses doutes au public. Michel Franco a transgressé la règle et il a bien fait. Sundown est un film à énigmes, où les silences sont éloquents et la banalité de la vie magnifiée au bord du précipice.
Une riche héritière anglaise (Charlotte Gainsbourg), ses deux enfants et son frère (Tim Roth), lézardent lascivement dans un hôtel de luxe à Acapulco. La ville, chère au cinéaste, est un personnage du film : "Je suis très attaché à Acapulco, confie Michel Franco et ça me fait mal de voir que la ville représente la décadence actuelle du pays, cette violence généralisée, acceptée comme normale. C’est pourquoi, mettre le personnage de Tim Roth, qui traverse une crise existentielle, dans un milieu où la vie ne vaut plus rien, où on peut mourir sur la plage sans que personne ne se retourne, me paraissait le décor idéal pour faire un film, où l’intérieur du personnage et le contexte fusionnent."
Entre deux margaritas, la réalité les rattrapent, un drame familial : il faut en urgence rentrer à Londres. Le frère a oublié son passeport à l'hôtel, il doit rester. Débute une errance dans cette ville que Michel Franco adore mais qu'il ne reconnaît plus depuis qu'elle est le théâtre quotidien de violences devenues la norme.
Aussi taiseux que virtuose, Tim Roth incarne un personnage qui semble indifférent au malheur des autres. Il reste au Mexique, ne répond pas à sa sœur, siffle des bières sur une plage populaire et tombe même amoureux d'une femme plus jeune que lui. Michel Franco érotise en douceur ce laisser-aller d'un homme qui ose goûter une liberté qui dérange.
"La liberté c’est très beau, mais on paye toujours un prix élevé pour la liberté."
Michel Francosur franceinfo
"On est soumis aux attentes que les autres ont de nous et c’est triste. Je voulais faire un film qui ne soit pas cérébral, un film très vivant, que le public sente la plage, mange ce que le personnage est en train de goûter. C’est organique, mais comment le transmettre au public, ce n’est pas évident." déclare Michel Franco.
Pourquoi cet homme coupe-t-il les ponts avec ses proches, quel est le sens de sa fuite, peut-il survivre à la violence ambiante ? le spectateur le découvrira à temps, en suivant le rythme lancinant d'un film charnel, où les moments de bonheur volés sont aussi beaux que fragiles.
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