Des barbouzes, une jolie fille, la Corée du Nord… Jean Echenoz s’amuse
Ce n'est pas tous les jours que lecteur jubile à ce point. Jean Echenoz fait partie de ces rares auteurs capables de disserter sur la malédiction de la boîte de médicaments que l'on ouvre toujours du mauvais côté, celui de la notice. Non pas pour faire un bon mot mais pour planter le décor. Et celui de ce roman est loufoque: Constance, jolie Parisienne se fait enlever par des pieds nickelés en service commandé pour un général en fin de carrière dans le renseignement. De la Creuse à la Corée du Nord elle devient peu à peu espionne, rebondissements, personnages décalés et touchants, ça sent un peu les années 70, les films comiques pleins de barbouzes. Mais Jean Echenoz brouille les pistes, va vite et avoue son goût pour le polar et le roman d'espionnage.
Et là où Jean Echenoz crée une belle complicité avec le lecteur c'est quand le narrateur, ou lui-même, commente le roman en train de s'écrire. Page 293 par exemple: "Il serait long, pénible de décrire en détail le parcours des fugitifs vers le sud, parcours lui-même fort pénible et n'en finissant pas". C'est drôle, ça donne encore plus de mouvement dans le récit, un joli clin d'œil au lecteur. Enfin si la Corée du Nord n'est pas un pays spécialement drôle, Jean Echenoz extraie le ridicule de cette dictature à l'épouvante de son quotidien.
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