Festival de Cannes : deux films sur la barbarie humaine
Les films de Matteo Garrone et de Lazlo Nemes peuvent sembler à mille années lumières l'un de l’autre, puisque le premier est une fable fantastique inspirée des contes populaires du 19e siècle et que le second nous plonge dans l'enfer de la shoah. Pourtant, dans ces deux films il est question de la barbarie humaine.
Le fils de Saül , de Lazlo Nemes
Le jeune cinéaste hongrois prend le risque de nous plonger au coeur du camp d’Auschwitz et plus précisément au coeur des Sonderkommando, ces groupes de prisonniers juifs qui étaient obligés d'assister les Nazis dans leur plan d'extermination.
Tout en nous faisant circuler dans les endroits les plus inimaginables de ce camp, des douches de décontamination aux fours crématoires, Lazlo Nemes parvient à éviter le voyeurisme et les reconstitutions forcement parcellaires et souvent obscènes. Pendant tout le film, le réalisateur nous propose d'adopter le point de vue d’un seul personnage, un prisonnier, dont la caméra suit le moindre geste, le moindre regard. Un prisonnier condamné à agir comme un robot qui, tout comme le spectateur, ne voit quasiment plus les cadavres qu'il charrie, le sang qu'il éponge, les cendres qu’il évacue. Un prisonnier en état de survie.
Le fils de Saül est la première vraie révélation de la compétition cannoise.
Le Conte des contes , de Matteo Garrone
Replonger dans le passé pour mieux parler du présent c'est aussi ce que fait Matteo Garrone avec Le Conte des contes . Le réalisateur va chercher la barbarie en l’être humain mais en lorgnant du côté du cinéma fantastique.
En s’inspirant des contes populaires de Giambattista Basile, qui datent de la fin du 17e siècle, Matteo Garronne signe un film cru et cruel. Le réalisateur nous renvoie à des angoisses très modernes : le mariage forcé, les abus d’une reine consumée par son désir d’enfants, ou encore les orgies de chairs féminines d’un roi refusant de vieillir.
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