L'exposition "Miss.Tic : À la vie, à l'amor" à Avignon au Palais des Papes
"Si on avait quelque chose à retenir d'elle, ce serait sa poésie", souligne Charlotte Novat, la belle-fille de Miss.Tic. Les mots et la poésie sont au cœur du travail de cette pionnière de l'art urbain, première femme à s'être imposée dans ce milieu très masculin. L'exposition "Miss.Tic : À la vie, à l'amor" au Palais des Papes à Avignon réunit, jusqu'au 5 janvier 2025, quelque 300 œuvres au sein même du parcours de visite de ce lieu historique. Jamais autant d'œuvres de Miss.Tic, décédée il y a deux ans, n'avaient été réunies. "Je pense qu'elle aurait été très heureuse et très fière de se retrouver dans un lieu grandiose, intimidant et en même temps avec des murs qui racontent aussi beaucoup d'histoire et qui résonnent avec les murs qu'elle a elle-même tatoués tout au long de sa vie", poursuit Charlotte Novat.
Toute la diversité du travail de Miss.Tic est ici présentée. Dans ses dessins, une figure récurrente : celle d'une femme brune et sexy, le double de l'artiste. La photo de son premier pochoir en 1985 dans une rue de Paris est exposée dans les jardins Benoît XII. Dans ces années 80, Miss.Tic travaille aussi dans son atelier sur des palissades en bois qu'elle récupère. Quelques-unes sont exposées dans la chambre antique des camériers. "Ces palissades des années 80 portent quelque chose de très intime, de très personnel", explique Camille Levy Serfati, commissaire de l'exposition. L'une d'elles, par exemple, porte ce poème-là : "En péril, une grande éraflure dans le ventre. Je rêve à des corps sans mémoire". "Cela fait bien sûr référence à cet accident de voiture auquel Miss.Tic survit alors que le reste de sa famille, sa grand-mère, son frère et sa mère ont perdu la vie", poursuit-elle.
Une installation spectaculaire réunit 90 matrices de pochoirs
Miss.Tic est une artiste engagée. Un engagement féministe et politique, notamment avec sa série "Miss.Tic présidente" inaugurée lors de la présidentielle de 1988. Ses pochoirs avec des slogans politiques restent toujours d'actualité. "C'est parti un peu comme ça, sur une idée, et ça l'amusait beaucoup. Elle l'a reproduit après à différentes élections présidentielles", raconte Antoine Novat, le beau-fils de Miss.Tic. "On retrouve une certaine forme d'engagement, mais un engagement qui raconte le fait de ne pas être dupe, de ne pas être aveugle, explique-t-il. Il cite plusieurs de ses phrases célèbres : "le pouvoir ne protège pas, il se protège", "gouverner nuit gravement à la santé mentale" ou encore "le travail nous retraites, la retraite nous travaille". "C'est d'autant plus actuel, note-t-il. Elle était force de proposition, Miss.Tic".
Dans la grande chapelle du Palais des Papes, une installation spectaculaire réunit 90 matrices de pochoirs de 1985 à 2020. Aujourd'hui, une petite quarantaine de pochoirs de Miss.Tic est encore visible dans les rues de Paris.
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