"L'homme à débattre", d'Ilan Duran Cohen
Chabrol pour la bourgeoisie de province et ses drames. Clément, beau gosse, fils d'ouvrier, même pas trente ans, a épousé la fille du patron de son père, le roi du carrelage, il maîtrise parfaitement ce que l'auteur appelle sa "zone de confort" et les frères Coen pour la capacité des personnages à foncer tête baissée vers leur perte.
Mais cet univers familial propret vacille. Dès les premières pages, Clément est au volant, et a un grave accident de voiture. S'il n'a pas une égratignure, sa femme est en mille morceaux, et rentre dans une longue convalescence à l'issue incertaine. Sa vie est chamboulée, il sort de sa cage dorée, découvre le danger mettre à l'épreuve sa servilité, fréquente des femmes sans qu'on comprenne toujours ce qu'il leur trouve, bref il part dans tous les sens.
Les seconds rôles sont délicieux : une maîtresse qui dévalise le dressing luxueux de l'épouse clouée sur son lit d'hôpital, un flic dépressif, un infirmier homosexuel un peu collant et une médecin néo baba cool que séduit le héros du roman au delà de toute logique.
Sans oublier la belle-mère qui fantasme sur lui sans la moindre culpabilité, dégringole et devient peu à peu le meilleur personnage du roman, touchante, hilarante, et ce n'est pas tous les jours qu'on rit de bon cœur en lisant un roman.
C'est un roman drôle mais pas seulement, car il nous fait rire sur des thèmes très contemporains, qui d'ailleurs sont très présents en littérature ces temps-ci : déterminisme social, peur du changement et limites de la mixité des classes.
L'homme à débattre , d'Ilan Duran Cohen aux éditions Actes Sud.
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