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"Les Bêtises" : un ovni cinématographique

Les sœurs Sonia et Alice Philippon proposent avec "Les Bêtises", leur premier long-métrage qui sort mercredi au cinéma, un moment plein de légèreté sur fond de sujet de société, dans un registre burlesque devenu rare au cinéma. Jérémie Elkaïm y incarne un trentenaire maladroit, en quête d'une rencontre avec sa mère biologique.
Article rédigé par Florence Leroy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Les Bêtises © 2015 Asa Films - Rezo Productions)

Le premier film des soeurs Rose et Alice Philippon sortira en salles mercredi. Dans "Les Bêtises", elles ont réuni un joli casting : Jérémie Elkaïm et Sara Giraudeau dans les rôles principaux, Anne Alvaro, Jonathan Lambert et Jacques Weber également. Un film osé, puisqu'il se propose d'aborder la quête d'identité d'un homme né sous X dans un registre burlesque. Pari (presque) réussi.

Cinéma burlesque et sujet de société

Dès les premières minutes, le film offre une salutaire bouffée de légèreté et de cocasserie.  On y découvre François, un homme de 35 ans qui semble planer au-dessus de sa propre existence. François est une catastrophe ambulante. Il traverse péniblement son quotidien, avec son lot de gaffes et de maladresses quasi-pathologiques. Timide, rêveur, une allure un peu balourde, il vit comme amputé d'une partie de lui-même. Et pour cause : François n'a jamais connu sa mère biologique. Tout n'est qu'incertitude et fragilité chez lui, sauf au moment de se faire passer pour un serveur en extra lors d'une fête de famille pour rencontrer enfin celle qui l'a abandonné. Un personnage drôle malgré lui, un "incomplet" qui a beaucoup touché l'acteur Jérémie Elkaïm, son interprète.

"C'est dans la grande lignée de beaucoup de personnages dans le cinéma burlesque, mais il a cette maladresse qui là est assez premier degré, on n'en fait pas des caisses, mais malgré tout il est assez maladroit. Il se vit comme une coquille vide et ça le met en porte-à-faux avec l'existence. Il y a quelque chose d'assez joli d'ailleurs à l'idée qu'en se sentant incomplet, ne trouvant pas sa place dans notre société, on puisse être maladroit. On sent bien que nos propres maladresses naissent de choses qui nous sont intimes."

Des maladresses, il y en a chez tous les personnages imaginés par Rose et Alice Philippon. Sonia, campée par l'excellente Sara Giraudeau, est une serveuse qui a la particularité de hoqueter en permanence. Les frères de François, eux, sont alcoolique pour l'un, et légèrement psychorigide pour l'autre. La mère, incarnée par Anne Alvaro, a rarement été fidèle à son mari incarné par Jacques Weber.

"Le film nous dépeint une société dans laquelle au fond, chacun aurait son petit endroit incomplet, son petit endroit boîteux, ses petites maladresses. Il y a la tendresse qu'on peut retrouver parfois dans certaines BD, dans certains romans graphiques".
 

Simplicité et humilité

Sans échapper à quelques défauts de rythme et de mise en scène inhérents à une première oeuvre, Les Bêtises est d'autant réjouissant pour le spectateur, d'autant plus que les réalisatrices l'ont fait avec humilité et simplicité. Elles ont pris le parti de ne pas grossir le trait de certaines situations cocasses, qui auraient pu devenir franchement lourdes, et malgré les imperfections sur la mise en scène et le rythme du récit, on rit beaucoup de voir cet homme gauche et timide se mettre dans des situations ubuesques. 

"Dans le paysage des comédies françaises, ça (le film) me semblait être assez singulier. Il y avait le désir d'un film délicat, d'un film tendre, jai le sentiment parfois que les comédies sont soit un peu cyniques, un peu ironiques, ou alors les films français ont parfois une tendance au lâcher prise. Mais là il y avait une politesse, une élégance, au moins dans l'écriture, qui m'attirait (...) il y a cette simplicité, c'est un plaisir de spectateur d'ailleurs ce côté pas forcément intrusif n'imposant pas son univers à grand renfort de blagues, d'effets visuels. Les artifices sont délicats."

 

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