"Mia madre" : Nanni Moretti, du rire aux larmes
Dans "Mia madre", Nanni Moretti dessine le portrait d'une femme d'une cinquantaine d'année, incarnée par Margherita Buy, une cinéaste qui, en même temps qu'elle tourne un film, est en train de perdre sa mère malade, et dans ces allers retours entre le plateau de tournage, où John Turturro, en comédien capricieux et pas franchement au point, est à hurler de rire, et l'hôpital, où cette femme prend conscience de tout ce qui, avec sa mère, va disparaitre, de tout un passé qui s'éteint, toute une palette de sentiments et de réflexions se déploie, avec beaucoup de pudeur et de simplicité.
"Mia madre" est un film sur ces moments où la vie bascule, où l'on ne sait plus très bien quel sens lui donner, mais où un simple fou rire parfois suffit à vous réconcilier avec elle.
Et ces fous rires, c'est John Turturro qui, pour l'essentiel, les provoque, dans le rôle donc d'un comédien qui débarque d'Hollywood, bredouillant à peine quelques mots d'italien, un peu mytho et très largué. John Turturro, irrésistible dans ce rôle, se dit ravi d'ailleurs d'apporter ces rires au milieu des larmes, car, pour lui, ce mélange des émotions, c'est la vie, et c'est ce que l'on comprend au milieu de la vie justement, à l'âge de l'héroïne :
"Je crois que lorsqu'on a l'âge de l'héroïne, entre 45 et 50 ans, on est comme coincé au milieu du gué, on est une fille ou un fils, mais aussi une épouse ou un mari, un père ou une mère, un amant ou un divorcé, on tient beaucoup de rôles donc on sait parfaitement que toutes les émotions sont liées. Il y a quelques auteurs qui savent saisir ce mélange, qui savent que la vie, c'est à la fois les rires et les larmes, et j'aime ces auteurs, que ce soit Tchekhov ou Jean Renoir, et Nanni Moretti aussi fait ce mélange dans ces films,ce qui est appréciable car il y a de l'intelligence là-dedans ."
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