Tiago Rodrigues, Antoine et Cléopâtre, trio gagnant
Sofia et Vitor sont acteurs-danseurs, dans la vie ils sont en couple, sur la scène c’est lui qui décrit ce que fait Cléopâtre, c’est elle qui parle pour Antoine. Dans un langage des corps comme un langage des signes ils chorégraphient un texte en portugais subtile, d’une incroyable musicalité. Entre le général romain et la reine d’Egypte, l’amour est un enjeu politique, on pense bien sûr au film de Joseph Mankiewicz avec Liz Taylor et Richard Burton, Tiago Rodrigues en garde parfois la bande originale, mais il domestique la violence de cette passion, pour la rendre plus claire au spectateur.
Dans ce pas de deux théâtral, sur un plateau presque nu où un mobile diffuse l’ombre de ses couleurs, la tendresse de ce couple d’interprètes fait du bien, dans un festival où l’outrance écrase trop souvent l’intelligence. Entre dimension intime et publique, Tiago Rodrigues parvient à nous faire aussi voir la portée politique de cette œuvre, on pense à la fracture Occident/Orient, ou Europe/Grèce.
Des trois Shakespeare présentés cette année au festival, cet Antoine et Cléopâtre est le plus poétique, le plus simple, le plus inattendu aussi.
"Antoine et Cléopâtre " d’après Shakespeare par Tiago Rodrigues au festival d’Avignon jusqu’au 18 juillet.
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