Yusuf Islam, ex-Cat Stevens, explore le blues
Drôle de carrière en plusieurs épisodes pour ce fils d’immigré grec chypriote, qui a démarré en trombe dans le Swinging London, dès 1966 : Steven Demetre Georgiou fait la plonge dans le restaurant familial (nommé Moulin Rouge ), et devient, du jour au lendemain, la nouvelle sensation de la pop britannique en pleine explosion. Rebaptisé Cat Stevens (une petite amie qui lui trouve des yeux de chat), il enchaîne trés vite les tubes, profite de ce succès fulgurant ( qui lui tombe dessus alors qu’il n’a pas vingt ans), des groupies, des tournées avec Jimi Hendrix, des excès en tout genre…Au bord de l'épuisement, Cat Stevens attrape une tuberculose : il mettra un an pour s'en remettre, méditer sur son sort et changer totalement de braquet, avant de retrouver son public en porte-drapeau de la folk music. Là aussi, l’essai est transformé : les albums Tea for the Tillerman (avec le tube planétaire Wild World ) ou Teaser and the Firecat lui font trés vite retrouver le chemin du succès.
Sauvé de la noyade, happé par le Coran
Pourtant, Cat Stevens période "troubadour", c'est l'introspection permanente et mystique, une tentative pour trouver la sérénité qui lui fait défaut. Nouveau tournant en 1973, lorsque le chanteur, en vacances à Malibu, échappe de peu à la noyade. Il ne doit son salut, pense-t-il, qu’à une prière adressé au ciel, au dernier moment. Son frère, peu après, lui offre un Coran et le déclic a lieu : au sommet de la gloire, il se convertit à l'Islam, change de nom, et se retire du show business pendant trois décennies. C’est finalement son agent ( le même que Léonard Cohen) qui le convainc de remonter sur scène en 2006, puis de ressortir des disques.
Blues et spiritualité
Tell ‘Em I’m Gone qui arrive aujourd'hui, premier disque depuis cinq ans -et second depuis sa longue éclipse-, est de fort bonne facture, et c’est dû en grande partie au producteur Rick Rubin (celui à qui l'on doit la réhabilitation tardive de Johnny Cash, peu de temps avant sa mort). Cat-Yusuf y déroule tranquillement des titres épris de liberté, enregistrés pour certains avec les touaregs de Tinariwen. Des chansons pétries de blues américain qui rappellent que deux hommes, Cat Stevens et Yusuf Islam, peuvent encore se partager la même guitare, sans contradictions.
Concert unique en France cet automne, au Zénith de Paris le 16 novembre.
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