Chantal Ladesou : "J’ai toujours eu l’audace des timides"
Chantal Ladesou est humoriste et comédienne, révélée dans l’émission humoristique "La Classe" en 1980. Elle a enchaîné les spectacles solos, les rôles au théâtre, au cinéma et à la télévision. Elle a également été juré de "Mask Singer". La comédienne reprendra la route avec son spectacle On the Road again dès le 31 janvier. Elle sera aussi à l’affiche du film de Kev Adams : La maison de retraite 2 qui sort le 14 février. En attendant, dans la nouvelle série de TF1 Le Fil d’Ariane, Chantal Ladesou incarne une enquêtrice atypique, Ariane Legrand, journaliste et chroniqueuse judiciaire, 50 ans de carrière au compteur et qui refuse de partir à la retraite. Les deux épisodes sont diffusés lundi 29 janvier à 21h10.
franceinfo : Dans Le Fil d’Ariane vous incarnez une journaliste judiciaire qui refuse de prendre sa retraite parce qu'elle ne sait faire que ça et à sa manière... C'est quoi la manière d'Ariane Legrand ?
Chantal Ladesou : Elle est un peu jetée parce qu'elle a l'âge d'être jetée. Son fils qui est commandant de police va la faire virer parce qu'elle lui fait aussi un peu d'ombre. Elle fouille partout, elle va au bout des enquêtes, elle fait beaucoup plus, elle va dans les choses interdites. Les scènes de crime sur lesquelles elle ne peut pas entrer, elle y va, donc elle va plus loin. Elle n'a pas de règles. Elle trouve les choses et du coup, autour d'elle, on n'est pas très content et notamment son fils. On lui demande gentiment de partir.
Ariane est cash, excentrique, parfois désagréable, jeune dans sa tête et désinvolte. Ce rôle a été écrit sur mesure, non ?
Il a été écrit sur-mesure et j’en suis très fière parce que ce n'est pas que du Chantal Ladesou. Elle est très drôle, mais ce n'est pas que drôle. Elle est émouvante et au moment des enquêtes, elle est très sérieuse. C'est-à-dire qu'elle enquête très bien, on la suit, d'autant plus que c'est une enquête sur le milieu des influenceurs avec une influenceuse qui a été assassinée, c'est très moderne. Mais elle a son originalité, sa fantaisie, qui sont toujours là. Les auteurs sont venus me voir au théâtre, voir ce que je pouvais faire et donc ça les a excités d'écrire pour moi.
Vous avez déjà joué dans des séries, je pense à Maguy même si cela remonte à loin. Est-ce la première fois que vous êtes le personnage principal d'une série ?
J'étais Madame Boudin dans Maguy. C'était un deuxième, voire troisième rôle. Oui, c'est la première fois et j'en suis très heureuse parce que ça s'est très bien passé. On a tourné à Sète et l'histoire est intéressante, drôle, touchante.
Vous êtes l'une des rares comédiennes de plus de 70 ans à qui on fait appel pour être le personnage principal d'une série. Avez-vous l'ambition, le désir de faire bouger les lignes là-dessus ?
Oui, parce que quand on est encore très en forme, on peut au contraire transmettre à des plus jeunes, c’est intéressant. Bien sûr, si on est fatigué et qu'on n'a plus envie, il faut s'arrêter. Moi, tant que j'ai envie de faire ce métier, je serai là parce que je pense que j'ai encore des choses à donner, des choses à transmettre, des gens à faire rire. Et des gens de mon âge, il y en a plein puisqu'ils se reconnaissent un petit peu !
"Tant que je serai efficace et drôle et que je n'emmerderai pas le monde, je serai là."
Chantal Ladesoufranceinfo
Savourez-vous cette notoriété, d'autant plus qu'elle est arrivée sur le tard ?
Oui, elle est arrivée sur le tard. Mais je pense que je suis une tardive et je fais les choses un peu lentement. Tout ce que j'ai fait dans ma carrière m'a amusé, m'a nourri et René Simon me l'avait dit : "Toi, tu réussiras, tu feras quelque chose très tard". Il m'avait vu jouer des scènes. J'avais déjà cette voix, cette efficacité et cette espèce d'autorité naturelle. Et donc, il m'avait dit : "Toi, tu peux te balader un peu, fais ce que tu veux, mais ça va arriver très tard", c'est marrant quand même.
Vous étiez drôle dès le départ ?
J'avais un petit peur, mais j'avais cette envie de faire rire depuis très longtemps, c'était chevillé au corps. Et le jour où j'ai commencé à écrire, mon mari m'a poussée en me disant : "Écris tes choses, fais tes trucs à toi". Un jour, j'ai reçu une pièce, la suite Des Amazones et il l'a caché, il n'a pas voulu que je la lise.
"Mon mari voulait absolument que je monte sur scène toute seule, que je me dévoile. Et le jour où je me suis vraiment dévoilée, ça m'a encouragée à raconter ce que je suis vraiment."
Chantal Ladesoufranceinfo
Vous êtes une timide, alors comment on monte seule sur scène quand on est timide ?
Ça ne se voit pas, mais au fond de moi-même, je suis très timide et quelquefois j'ai des accès de timidité. J'ai toujours eu l'audace des timides. C'est-à-dire que les timides font des trucs incroyables. Quand je suis arrivée à Paris, je téléphonais à mon père et il disait tout le temps : "La journée appartient à ceux qui se lèvent tôt". J'ai téléphoné à Jean Poiret à 7h45 du matin. Il m'a demandé qui j'étais et je lui ai répondu : "J'ai joué au théâtre hier soir". J'osais des choses comme ça. Après j'ai été m'excuser et il m'a répondu que ce n'était pas très grave. J'ai eu l'audace des timides qui tombait à plat parce qu'après je n'ai plus jamais appelé personne, jamais. C'est très curieux les timides.
Vous avez été dans le jury de "Mask Singer" et puis vous en avez été évincée assez brutalement. Et là, vous avez révélé, il y a quelques jours, que TF1 vous tourne autour pour y retourner. Alors, oui ou non ?
Ils me tournent très fort autour, oui, mais je reviendrai pour en parler.
Vous avez envie de le refaire ? Vous êtes nulle en enquêtrice !
Oui, c'est bien, ça m'amuse beaucoup de ne rien reconnaître.
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