Estimations publiées avant 20h : "de quel drame avons-nous peur ?" (Jean-Marie Charon)
C'est un record : hier soir, entre 18h et 20h, un million d'internautes français se sont connectés sur le site de la RTBF. "Au total, on a enregistré 1.300.000 visteurs uniques, soit 30 fois le nombre d'un dimanche habituel" note Christian Dauriac, directeur des rédactions du média belge.
Ces estimations données par la RTBF ont ensuite été partagées sur Twitter par des centaines d'internautes, qui ont rivalisé d'imagination pour donner des chiffres ou des tendances sans y paraître, à coup de métaphore météo - "Temps superbe sur la Corrèze, maussade sur Neuilly" - ou de comparaisons plus ou moins limpides - "Le flamby cuit à 27 degrés" ou encore "la Rolex retarde de 25 minutes" .
On s'attendait à des fuites sur Internet, mais ce qui a été plus surprenant, c'est la décision de l'AFP de rompre elle aussi l'embargo. A 18h50, à la surprise générale, l'Agence France-Presse envoie à tous les médias ses estimations des résultats, tout en leur précisant qu'il est de leur responsabilité de les publier ou non. Quelque uns vont prendre le risque, comme le site atlantico.fr. "Nous ne l'aurions pas fait si les résultats n'avaient pas été disponibles ailleurs" explique son directeur de publication, Jean-Sébastien Ferjou. "L'égalité entre les citoyens avait été rompue".
Ce n'est pas l'avis du parquet, qui a ouvert une enquête, visant notamment l'AFP, un média suisse et deux médias belges. Une liste assez courte finalement, ce qui satisfait Matthias Guyomar, secrétaire général de la commission des sondages : "la plupart des grands médias français ont respecté l'heure officielle" .
"Nous sommes en train de nous recroqueviller sur des règles anciennes"
"Nous sommes en train de nous recroqueviller, que ce soit en matière de publication de résultats ou de temps de parole, sur des règles anciennes" estime Jean-Marie Charon, sociologue des médias. "Aux Etats-Unis, une partie du pays vote alors qu'on a déjà les résultats de l'autre partie. De quel drame avons-nous peur ?"
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