"Le Vortex", la chaîne YouTube d’Arte qui vulgarise la science, repart pour une septième saison

Sous la houlette de Ronan Letoqueux, les vidéos de la chaîne ont séduit 300 000 abonnés depuis 2019.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Ronan Letoqueux, co-créateur de la chaîne Le Vortex. (franceinfo)

Originaire des Côtes-d’Armor, Ronan Letoqueux est scénariste, acteur, réalisateur, producteur et s’est spécialisé dans la création de contenu audiovisuel diffusé sur YouTube. C’est en mars 2019 que démarre la diffusion du Vortex, une émission web culturelle et humoristique de vulgarisation scientifique en collaboration avec Arte. Un projet un peu expérimental parce que Le Vortex a la particularité d'être une chaîne indépendante sur YouTube et qui n'est pas diffusée sur Arte TV. "On est vraiment autonomes", précise-t-il. Il s'agissait d'une expérimentation à la base chez Arte et désormais, ce sont 23 vidéastes scientifiques et artistes qui s’interrogent et s’interpellent pour permettre de rendre les sciences accessibles au plus grand nombre, et ce, de manière ludique. Une équation gagnante puisque le programme en est à sa septième saison et réussit à réunir plus de 300 000 abonnés pour presque 20 millions de vidéos vues.

franceinfo : L’idée du Vortex est de rendre accessible à des non-initiés des principes scientifiques très compliqués. Le premier numéro de cette saison portait sur la physique quantique. Vous avez fait appel à un vidéaste spécialisé que vous faites dialoguer avec une musicienne. Est-ce que l'idée est de faire des ponts entre la science et l'art ?

Ronan Letoqueux : L'idée principale du Vortex est de mettre deux créateurs issus d'Internet ensemble pour fabriquer du contenu. Le but est d'essayer de trouver des choses qui, étonnamment, ne pourraient peut-être pas se répondre et de quand même les faire travailler ensemble pour essayer de trouver quelque chose de créatif là-dedans. Un des défis de cette nouvelle saison, c'est d'avoir, d’un côté, pris des gens qui sont plutôt issus de la science, comme le vidéaste ScienceClic qui vulgarise très bien la physique et l'astrophysique. Et de l'autre côté, on a une musicienne, pianiste qui ne connaît pas du tout ce domaine-là. Il faut les faire entrer en contact et essayer de leur faire créer ensemble quelque chose qui va nous permettre de ressentir effectivement la physique quantique. On ne fait pas des maths, on ne fait pas de l'analyse, ce n'est pas pour comprendre fondamentalement la physique quantique, parce que c'est extrêmement compliqué, mais c’est plus pour essayer de la faire ressentir à travers quelque chose qui est assez commun à tout le monde, la musique.

Au cours de la saison, il y aura des thèmes qui peuvent paraître un petit peu moins pointus, par exemple, l'aviation peut-elle être écolo ? À quoi servent les produits de beauté ? Comment photographier la création d'une étoile ? Il y a 23 vidéastes qui vous accompagnent, chacun a sa chaîne YouTube, c'est ça le critère ?

Ils existent tous sur le web, mais il y a des gens qui sont plutôt issus de Twitch, qui est désormais devenue une plateforme un peu incontournable. On a même eu quelqu'un qui était de Tik Tok, mais qui est aussi souvent sur YouTube et Twitch. En général, ils sont un peu transplateformes. Le but, c'est quand même d'accueillir des vulgarisateurs et des vulgarisatrices issus d'Internet.

Comment marche la vulgarisation en général sur YouTube ? Est-ce que les algorithmes mettent en avant ce genre de vidéos ?

Vous pouvez demander à YouTube. Je ne pense pas que ce soit fondamentalement mis en avant, tout simplement parce qu’on n'est pas aussi vendeur que les contenus les plus regardés comme le divertissement.

"Le but n'est pas forcément de vivre directement des vues, car on est sur un marché de niche."

Ronan Letoqueux, co-créateur de la chaîne Le Vortex

à franceinfo

Tout le système économique qui tourne autour de ça est assez différent de ce que l'on peut avoir sur une chaîne classique qui ne va dépendre que des vues.

Pour certains, la vulgarisation est un gros mot. Quel retour avez-vous des scientifiques, des universitaires ?

Mais on travaille souvent avec eux. Déjà, sur les premières saisons du Vortex, on était aussi accompagnés par le CNRS qui avait trouvé le programme intéressant. Là, on a un autre épisode qu'on a tourné avec l'Observatoire de Paris sur les horloges atomiques et ça se passe hyper bien. Ils voient bien qu'on est intéressés, qu'on connaît le sujet.

La science est un domaine plutôt masculin. Arrivez-vous à trouver des youtubeuses de vulgarisation scientifique ?

En tout cas, notre but, c'est de les mettre en avant au maximum. Il y a autant de filles que de garçons dans les saisons du Vortex. On va avoir des youtubeuses ou des twitcheuses qui sont moins connues, mais on va les faire venir parce qu'elles ont une expertise, elles sont très douées et on veut leur donner de la visibilité parce qu'elles effectuent un travail de qualité. Ce n'est pas facile parce qu’il n'y a pas autant de créatrices que de créateurs, on doit être à un ratio d’un sur dix, mais on a décidé de faire ça dans nos choix éditoriaux.

Peut-on imaginer un jour une diffusion à la télévision du Vortex ?

Si on nous propose quelque chose, on pourra toujours en discuter. Mais notre cœur de métier reste quand même le web avec sa liberté et son ton.

"Un truc problématique, ce sont les durées. Nous, on s'en moque. On peut faire une vidéo de 17 ou 25 minutes. Si c'est la bonne durée, c'est la bonne durée."

Ronan Letoqueux, co-créateur de la chaîne Le Vortex

à franceinfo

C'est un peu différent.

La science doit être un terrain de jeu formidable pour les complotistes et les diffuseurs de fake news, non ?

On en a parlé dans les premières saisons, les épisodes sont toujours disponibles. C'est quelque chose de compliqué. On essaye d'être le plus honnête possible dans notre démarche. La vulgarisation, c'est aussi faire des raccourcis. On n'a pas le choix. Mais il faut le faire correctement, sans dire de bêtises, c'est essentiel pour nous. La plupart des scripts sont relus par des scientifiques et par d'autres vulgarisateurs. Ils peuvent aussi nous donner des idées, c'est ça qui est intéressant. En tout cas, on espère faire une émission de bonne qualité d'information scientifique.

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