Les chantiers du nouveau patron de France 2

Sa mission était claire : redynamiser la tranche 17h30 - 20h, attirer les téléspectateurs sur France 2 à cet horaire stratégique où la chaîne doit faire le plein de recettes publicitaires, séduire le public par des émissions innovantes. Un mois et demi après la rentrée, force est de constater que Philippe Vilamitjana a failli à sa mission. Les émissions "dans la peau d'un chef" et 'Y a pas d'âge" ne fonctionnent pas très bien. Quant au talk-show "Jusqu'ici tout va bien", il peine à dépasser les 3% de part d'audience. Loin, très loin des objectifs de la chaîne.

"France 2 est trop suiviste"

Rémy Pfimlin, le président de France Télévisions, a tranché : Philippe Vilamitjana quitte son poste, remplacé par Thierry Thuillier. Chargé de l'information au sein du groupe France Télévisions, le journaliste a deux missions : "redéfinir les programmes de l'après-midi" - autrement dit tout va changer - et réaffirmer France 2 comme "une chaîne généraliste de référence" . Un vaste chantier, tant les problèmes sont nombreux : "il faut d'abord mieux définir le public de France 2" estime François Jost, sociologue des médias. "La chaîne veut parler à tous en même temps, ce qui ne satisfait personne. Ensuite, il faut davantage innover. France 2 est trop suiviste, et fait ce qui marche ailleurs."

Thierry Thuillier peut se prévaloir de quelques beaux succès : c'est lui qui a amorcé la relance du 20h de France 2, lui qui avait eu l'idée de diffuser les débats des primaires socialistes à la présidentielle, avec une belle audience à la clé.

Thierry Thuillier, "un homme de télévision"

Mais cela fait-il de lui l'homme providentiel pour relancer France 2, pour s'intéresser au divertissement, aux jeux, aux fictions ? Il y a beaucoup de sceptiques à France Télévisions, d'autant que Thierry Thuillier s'est fait beaucoup d'adversaires en instaurant la fusion des rédactions entre France 2 et France 3. "C'est un homme de télévision" tempère Eric Vial, délégué Force Ouvrière. "Il aura peut-être plus de recul sur les programmes et pourra changer les choses."

Mais pour changer les choses, il va falloir batailler dans un contexte économique et social difficile. Le groupe vient d'annoncer la suppression de 360 postes, et les syndicats ont appelé à la grève pour le 7 novembre.