Sommeil et cancer : les liaisons dangereuses
Le manque de sommeil est une préoccupation nouvelle de santé
publique. Une préoccupation majeure. On compte en France plus de 3,5 millions
de personnes qui travaillent de nuit ou en horaires décalés. Sans oublier
celles qui dorment peu pour des raisons personnelles : sorties, loisirs,
temps passé devant l'ordinateur ou la télévision.
Au total, près d'un tiers des
Français adultes dorment moins de 6 heures par nuit, pendant la semaine.
Avec
pour conséquence, un risque plus élevé de développer certaines maladies
chroniques comme le diabète, l'obésité, et des maladies cardio-vasculaires.
Mais aussi un risque accru de certains cancers.
Au milieu des années 90, une première étude a donné l'alerte.
Cette étude avait suivi pendant 15 ans des hôtesses de l'air finlandaises, affectées
aux vols long-courriers, et qui étaient donc soumises à des décalages horaires
permanents. Conclusion : un risque majoré, pour elles, de cancer du sein.
Ces résultats ont été confirmés par d'autres études, réalisées sur d'autres
hôtesses de l'air mais aussi sur des infirmières travaillant de nuit.
Des études menées notamment au Japon et au Canada sur des
hommes travaillant en horaires décalés ont mis en évidence une augmentation des
risques de cancer du colon et de la prostate.
Un risque reconnu
En 2008, le Centre International de Recherche sur le Cancer,
basé à Lyon, a classé le travail de nuit comme " un cancérogène
probable ". Donc une cause probable de cancer. A signaler aussi cette
décision du gouvernement danois en 2009 de verser une indemnité spéciale à
des femmes ayant développé un cancer du sein, principalement des infirmières et
des hôtesses de l'air ayant longtemps travaillé de nuit. D'ailleurs cette
décision revient à reconnaitre à ces cancers un statut de maladie professionnelle.
Mais seul le Danemark a franchi ce pas.
Où est le danger ?
Le manque de sommeil et les horaires décalés sont à prendre
en compte car les deux sont considérés comme des facteurs de risque.
Le
travail de nuit ou en horaires décalés s'accompagne d'une désynchronisation de
l'horloge interne. Tous les rythmes biologiques sont perturbés. En particulier
la fabrication des hormones et la mélatonine. Cette dérégulation du système
hormonal pourrait expliquer que les femmes qui travaillent de nuit présentent
40% de risque en plus d'avoir un jour un cancer du sein, qui est un cancer hormono-dépendant.
La privation régulière de sommeil crée un épuisement et
un affaiblissement des défenses immunitaires. Du coup, l'organisme n'arrive
plus à se défendre et à se débarrasser des cellules qui subissent des mutations
et deviennent cancéreuses. Il n'arrive plus -comme il le fait en temps normal-
à les éliminer, ce qui favorise le développement de cancers. Les personnes qui
travaillent de nuit ou avec des horaires atypiques sont confrontées aux deux
risques : leur horloge biologique est désynchronisée mais elles sont aussi
privées de sommeil.
Un bon sommeil
Si le manque de sommeil peut affaiblir les défenses
immunitaires, a contrario une bonne durée de sommeil et une bonne qualité de
sommeil jouent un rôle positif dans le pronostic thérapeutique de nombreux
cancers, et cela confirme à quel point le sommeil contribue au renforcement des
défenses immunitaires de l'organisme.
La durée idéale d'une nuit de sommeil a été chiffrée par les
scientifique à sept heures par nuit.
Quand on travaille de nuit ou avec des
horaires atypiques, ou encore que l'on manque de sommeil pour d'autres raisons,
il faut absolument essayer de dormir sept heures par 24 heures. Cela ne veut pas dire
forcément dormir sept heures d'affilée. Par exemple, si on ne dort que cinq heures par
nuit, il faut compenser en faisant une sieste – une grande sieste- de deux heures.
On sait aujourd'hui que la durée de sept heures est une durée neutre, sans risques
particuliers de développer des cancers ou d'autres maladies chroniques.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.