L'effet de la musique sur le cerveau
Avant de devenir chercheur, Daniel Levitin a travaillé pendant une
dizaine d'années avec de nombreux musiciens célèbres comme Stevie Wonder ou
Eric Clapton. C'est ce qui l'a amené à se poser quelques questions :
Pourquoi certaines chansons nous touchent-elles alors que d'autres nous
laissent de marbre ? Qu'est-ce qui forge nos goûts musicaux ?
Ces questions l'ont poussé à retourner à l'université. C'est
ainsi qu'il est devenu un neuroscientifique reconnu et qu'il a trouvé des éléments de réponses à ses questions.
Dans son livre il raconte une expérience menée en Grande-Bretagne avec des bébés. Cette expérience a démontré que, un an après leur
naissance, les nourrissons reconnaissent et aiment la musique à laquelle ils
ont été exposés dans l'utérus de leur mère.
L'expérience
Les mères ont régulièrement fait écouter un morceau de musique à leur enfant pendant
les trois derniers mois de leur grossesse. Certains fœtus ont ainsi eu droit d'écouter en boucle du Vivaldi, d'autres les Backstreet boys et d'autres encore ont
écouté les UB40.
Après la naissance les mamans n'ont plus fait écouter ces
musiques à leur enfant. Un an plus tard les chercheurs ont testé les goûts
musicaux de ces bébés.
Pour effectuer ce test les bébés étaient confortablement
assis sur les genoux de leur maman. Ils étaient placés entre deux
haut-parleurs. Lorsque leur regard se portait sur un des deux hauts-parleurs,
se déclenchait la musique qu'on leur avait fait écouter dans le ventre de leur
mère alors que lorsqu'ils regardaient le deuxième haut-parleur une musique très
différente se déclenchait.
Les résultats de l'expérience
Les bébés se tournent préférentiellement
vers le haut-parleur qui diffuse ce qu'ils ont entendu dans leur vie
intra-utérine. Autrement dit, nos premiers souvenirs musicaux se forment
très tôt. L'environnement prénatal influence le développement et les
préférences de l'enfant.
D'autres influences viennent ensuite. Les scientifiques ont constaté que les enfants ont des goûts
qui évoluent avec le temps (un peu comme pour la nourriture).
Des expériences ont montré que les enfants ont
une préférence pour la consonance. L'appréciation d'accord dissonant vient avec
l'âge. Et encore, les adultes n'ont pas le même degré de tolérance à la
dissonance.
L'adolescence et la
construction des goûts musicaux
Les neurosciences peuvent apporter
un élément d'explication. A l'adolescence, notre cerveau se développe et forme
des connexions nouvelles à une vitesse incroyable. Au cours de cette phase nos
expériences structurent nos circuits de neurones. Ce processus s'applique à
plein de chose dont la musique : les morceaux que l'on découvre par la
suite viennent s'intégrer dans la structure que nous avons développée à
l'adolescence?
Une chanson plus qu'une autre
Daniel Levitin s'intéresse aussi aux raisons inconscientes
qui nous font apprécier certaines chansons plus que d'autres.
Il explique que pour qu'un morceau nous plaise
il faut qu'il soit un peu imprévisible. Certains artistes jouent avec nos
attentes. Par exemple dans la chanson Yesterday, les Beatles nous surprennent
sans même que l'on s'en rende compte consciemment.
Pour comprendre, il faut savoir que dans la musique populaire
occidentale, les phrases durent généralement quatre ou huit mesures. Il s'agit d'un
schéma que nous avons développé au 20e siècle. Nous avons entendus des
milliers de chansons des milliers de fois et même sans être capable de
l'expliquer clairement, nous avons intégré cette tendance. Comme une règle. Or
dans Yesterday la phrase fait sept mesures.
Votre cerveau est conditionné et attend une 8e mesure qui
ne vient pas. Voilà pourquoi Yesterday vous intrigue plus, vous accroche plus
que d'autre chanson. Selon Daniel Levitin, Steely Dan, Rachmaninov et Miles
Davis sont quelques artistes dont certains ne se lassent jamais précisément
parce qu'ils jouent comme ça avec nos attentes.
Pour en savoir plus sur les processus mentaux en jeu quand
on écoute de la musique. Je vous recommande ce livre "De la note au
cerveau" signé Daniel Levitin paru aux éditions Héloïse d'Ormeson.
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