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La télévision sait-elle parler d'économie ?

Crise de la zone euro, dette publique, emprunts toxiques... Depuis plusieurs mois, les sujets économiques ont au cœur de l'actualité. Et pourtant, rares sont les émissions qui tentent d'expliquer aux Français ces problématiques économiques.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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L'économie fait-elle peur aux chaînes, notamment généralistes ? Les téléspectateurs plébisciteraient-ils des programmes économiques ? On en parle avec Philippe Frémeaux, éditorialiste à "Alternatives économiques" et délégué général de l'Institut de développement de l'information économique et sociale.

  • le chiffre de la semaine

400.000 euros : c'est la somme que doit Patrick Poivre d'Arvor à son ex-employeur TF1. Le tribunal des prud'hommes a condamné mercredi l'ancien présentateur vedette de la chaîne privée pour ne pas avoir respecté sa clause "d'interdiction de critique et de dénigrement". Concrètement, PPDA avait témoigné un peu trop publiquement son amertume d'avoir été évincé du JT en 2008. Il a annoncé son intention de faire appel.

  • la performance de la semaine

C'est celle de France 5 : la petite chaîne dédiée à la connaissance n'a jamais connu un tel succès. Lundi, France 5 a recueilli une part d'audience moyenne de 4.4%. ça a l'air peu, mais c'est le record historique de la chaîne, qui est portée par le succès de ses émissions de début de soirée C à vous avec Alessandra Sublet, qui marche très bien et surtout C dans l'air , présenté par Yves Calvi, qui a réuni plus de 2 millions de téléspectateurs lundi après-midi.

- la nomination de la semaine

Denis Olivennes, patron d'Europe 1 , remplace Didier Quillot à la présidence de Lagardère Active. Une entité qui a fondu ces dernières années, car le groupe a beaucoup vendu : ses quotidiens régionaux, sa branche internationale, avec notamment les éditions étrangères du magazine Elle , pourtant très rentables... De nombreux observateurs s'étaient interrogés sur la stratégie d'Arnaud Lagardère. Il s'agissait, dit le groupe, d'une phase de rationalisation qui est maintenant terminée. Denis Olivennes est chargé de "renouer avec la croissance" .

  • le dossier de la semaine

C'est un paradoxe assez remarquable. Depuis quelques mois, l'économie est partout à la télévision : dans les débats des candidats socialistes à la primaire, dans les interventions de Nicolas Sarkozy, dans les JT, qui titrent sur la crise de la Grèce ou les agences de notation. Et pourtant, il n'existe aujourd'hui à la télévision qu'une poignée d'émissions de décryptage économique, d'émissions où on explique le fond des sujets, alors qu'il existe des émissions parfois très pointues consacrées à la littérature, la santé, la politique etc.

Evidemment, les chaînes spécialisées, comme Bloomberg TV, BFM, LCI, proposent toutes des programmes économiques. Mais sur les chaînes grand public, ce sont surtout des émissions dédiées à la consommation, aux success-story, comme C notre affaire sur France 5 et surtout Capital sur M6. C'est une émission très connue et très reconnue mais où on ne va pas vous expliquer le fonctionnement des agences de notation par exemple.

"Dans le monde de l'information, l'idée générale est que l'économie n'intéresse pas les gens, que c'est trop compliqué" regrette Philippe Frémeaux. "C'est un vrai problème" estime le délégué général de l'Institut pour le développement de l'information
économique et sociale (Idies), qui milite justement pour que les questions économiques aient davantage de visibilité. "ça encourage deux attitudes du public face aux questions économiques : soit la résignation, soit l'attitude de rejet total." Pour Philippe Frémeaux, il faut "désacraliser, dédramatiser l'économie pour que tout le monde ait le droit de comprendre et d'en parler" .

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