Cet article date de plus de dix ans.

Libération, 40 ans d'histoire tumultueuse

Des ventes en chute libre et des salariés qui contestent ouvertement leur direction. Le journal Libération est en pleine tempête. Mais c'est loin d'être la première fois. Depuis sa création, en 1973, le quotidien a connu bien des soubresauts.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Le chiffre est impressionnant. Cette semaine, à Libération, une motion de défiance a été adoptée à plus de 89% des voix. Dans leur immense majorité, les salariés demandent le départ de leur direction.

Nicolas Demorand et Philippe Nicolas excluent cependant de démissionner. Pas question de quitter un navire en pleine tempête, disent-ils en substance, à l'heure où le journal s'apprête à prendre des mesures difficiles. Face à la chute des ventes (-30% en kiosques cette année), il faut innover tout en se serrant la ceinture, et des baisses de salaires sont envisagées.

"On était 50 dans 30 mètres carrés, tout le monde fumait des Gauloises"

Incertitude économique et motion de défiance, le contexte est tendu à Libération. Mais ce n'est pourtant pas une première pour le quotidien. "Libé, c'est tout sauf un long fleuve tranquille, il y en a eu, des crises, des soubresauts " raconte Jean Guisnel, journaliste au quotidien de 1973 à 1996 et auteur de "Libération, la biographie" (éditions La Découverte). "En 1981, le journal a même cessé de paraître. On avait voté les pleins pouvoirs à Serge July, qui avait licencié tout le monde et réembauché qui il voulait. Libé revient de loin quand même !"

Libération est né en 1973 autour de Jean-Paul Sartre, avec ce slogan : "Peuple, prends la parole et garde-la". "C'est un pur produit de mai 68" assure Jean Guisnel. "Toute une génération de libertaires, de militants se sont retrouvés au journal. On était 50 dans 30 mètres carrés, tout le monde fumait des Gauloises, c'était extraordinaire." Pas de publicité, pas d'actionnaires, une hiérarchie réduite au minimum et les mêmes salaires quelque soit le poste. Libé tente de réinventer la presse.

Pourtant, peu à peu, le journal s'est professionnalisé, "normalisé" comme dit Jean Guisnel. Dans les années 80, "son âge d'or" , le journal quitte Barbès pour la Bastille, accueille peu à peu la publicité, rétablit la hiérarchie des salaires. Les premières crises l'atteignent dans les années 90, comme le lancement raté d'une nouvelle formule en 1995. Après Serge July, Laurent Joffrin puis Nicolas Demorand tentent de faire survivre l'héritage de Sartre. Libé parviendra-t-il à remonter une nouvelle fois la pente ? Jean Guisnel veut y croire, rappelant que Libé "a survécu à des dizaines de crises déjà."

"Libération, la biographie", de Jean Guisnel, aux éditions La Découverte.

Rubrique "replay"

Comme chaque semaine, notre sélection des meilleurs programmes télé de la semaine, à revoir pendant le week-end grâce au web.

"La Rupture", la fiction politique de France 3 sur le bras de fer entre Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac au coeur des années 70. A revoir ici avant lundi soir.

"Docteur Who". A l'occasion du cinquantième anniversaire de la mythique série britannique, France 4 a proposé une soirée spéciale avec des épisodes inédits. A découvrir ici jusqu'à ce soir.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.