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Besançon Révolution dans les poubelles

Comment inciter les Français à réduire leurs déchets ? En leur faisant miroiter des économies sur leur facture. A Besançon, en tout cas, ça marche.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

Evidemment, parler de déchets ménagers à la radio le
dimanche, ce n'est pas ce que l'on fait de plus sexy. Mais c'est une question essentielle
lorsque l'on sait qu'un Français produit chaque année 300 kilos de déchets
ménagers, qu'il s'agit d'un enjeu important pour l'environnement et que cela
coûte de plus en plus cher à la collectivité, que ce soit en frais de collecte ou de traitement.

 

D'où l'intérêt de l'initiative lancée depuis le 1er
septembre à Besançon. Pour la première fois en France, une agglomération de
plus de 100 000 habitants, avec l'aide de la société Plastic Omnium, a eu
le courage de mettre en place une nouvelle tarification : la redevance
incitative.

 

De
quoi s'agit-il ? Et bien, la facture des Bisontins dépend désormais
directement de leur comportement. Concrètement, celui qui sort ses poubelles
tous les deux jours paie plus que celui qui ne les sort qu'une fois par
semaine. Celui qui les remplit de cinq kilos davantage que celui qui n'en met
que deux.

 

Pour
établir cette facture avec précision, les bacs ont été équipés d'une puce
électronique. Lorsque le camion poubelle passe, cette puce enregistre
l'identité du propriétaire et le poids contenu dans la poubelle. La facture est
fonction de la quantité et du nombre de passages enregistrés.

 

Et apparemment, cela marche. Soumis à une intense
campagne de communication des mois, les Bisontins ont déjà réduit leur
production de déchets. Que ce soit par conviction écologique ou par souci
d'économie, ils trient davantage en amont, recourent plus souvent au
compostage, attendent avant de sortir leurs poubelles qu'elles soient vraiment
pleines, etc...

 

C'est finalement l'application du principe souvent
invoqué, mais rarement appliqué, du " pollueur-payeur ". Une petite
révolution pour les grandes villes, où la tarification des ordures ménagères
n'a souvent aucun rapport avec la quantité de déchets produite par chaque
famille. A l'heure actuelle, elle est le plus souvent indexée uniquement sur la
taille et le confort du logement. Si
bien qu'une personne âgée vivant seule dans un grand pavillon paie plus qu'une
famille nombreuse installée dans un appartement. Cherchez l'erreur.

Cela ne veut pas dire que cette redevance incitative ne pose aucun problème.
Certains s'inquiètent de ses conséquences sociales pour les familles les plus
pauvres. D'autres craignent de voir se multiplier la triche et les décharges
sauvages.

 

Toutefois, l'expérience des communes pionnières
montre qu'il est possible de trouver des parades. Et surtout, le bilan de
l'opération est globalement positif. Moins de déchets, c'est bon pour
l'environnement et c'est bon pour le porte-monnaie. Pour rester à Besançon,
" l'adoption de la tarification incitative va permettre de ne pas
remplacer l'un des deux incinérateurs de l'agglomération, qui arrivait en fin
de vie ", souligne Jean-Louis Fousseret (PS), le président de la
communauté d'agglomération de Besançon. Avec à la clé, une économie annoncée de
30 millions d'euros, soit 166 € par habitant. Pas si mal, au moment où l'on
cherche à réduire les dépenses publiques. 

 

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