Les prénoms selon les régions
Les prénoms sont révélateurs de
la classe sociale à laquelle on appartient et de l'époque où l'on vit. Rares
sont les notaires qui appellent leur fils Kevin. Et dans 50 ans, Nathan, qui
connaît aujourd'hui un grand succès, aura sans doute été délaissé.
Mais il existe aussi des
différences selon la région où l'on habite . Le statisticien François
Guilhem a ainsi repéré une division de la France le long d'une ligne
Bordeaux-Strasbour g . Au Sud et à l'Est, ce sont les prénoms latins qui sont
les plus répandus : Solange, Sabine, Carine ou Laurent. Au Nord et à
l'Ouest, on donne la préférence à des prénoms celtiques, comme Corentin, Tanguy et
Gwenaelle. C'est ce qu'il appelle l'effet Astérix !
Les cultures régionales jouent elles aussi un rôle évident, comme
l'a observé le sociologue Bruno Coulmont en relevant les prénoms donnés
beaucoup plus souvent ici que là. Par exemple, Idoia (un prénom basque) dans
les Pyrénées-Atlantiques. Guilhem, typique des langues d'oc, dans l'Hérault. Ou
encore Katell en Ille-et-Vilaine. En Corse, ce sont carrément des
prénoms locaux qui arrivent en tête : Ghiulia chez les filles et Lisandru chez
les garçons.
François Guilhem a également
relevé une différence entre les zones urbaines , où les prénoms étrangers
sont fréquents, et les campagnes, où ils sont rares. Cela reflète évidemment la
géographie de l'immigration. Les grandes villes attirent des travailleurs
étrangers qui ont tendance à donner à leurs enfants des prénoms en usage dans
leur pays d'origine, au moins pour les
premières générations. Les Mehdi, les Yacine et les Nora sont donc
logiquement plus nombreux à Marseille que dans le Cantal...
Il arrive aussi que la géographie
traduise simplement la sociologie des territoires. Parce que les bourgeois et
les ouvriers n'appellent pas leurs enfants de la même manière, on croise beaucoup
de Dylan et de Jordi en Seine-Saint-Denis, davantage d'Ulysse et d'Aristide à
Paris, où vivent des personnes très
qualifiées .
En matière de prénoms, c'est souvent dans la région parisienne que
certains prénoms ont d'abord connu le succès. Martine dans les années 1950
(alors que le reste de la France préférait encore Marie), puis Nathalie dans
les années 60, Sandrine dans les années 70, Aurélie dans les années 80, Alexandre
et Léa dans les années 1990.
Mais d'après les spécialistes, ce rôle précurseur aurait plutôt
tendance à s'atténuer. Des prénoms à succès comme Laura, Emma et Enzo se sont
répandus en France non pas à partir de la capitale, mais depuis le Sud. Quant à
Inès, qui tient la tête dans la région parisienne depuis 2007, il a du mal pour
l'instant à s'imposer dans d'autres régions.
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