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La sécurité routière est à nouveau au centre d’une polémique

C’est l’éternelle querelle des tenants de la répression et des partisans de la persuasion. Faut-il faire passer la vitesse limite à 80 km/h sur les routes où elle est actuellement à 90 km/h, autrement dit sur la plupart du réseau routier en France, mis à part les autoroutes et les voies rapides.
Article rédigé par Denis Astagneau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© franz massard - Fotolia.com)

"C’est le seul moyen de parvenir au chiffre de 2.000 tués sur les routes en 2020" clament les Torquemada de la répression-reine qui s’appuient sur une équation d’un chercheur suédois des années 60 arguant qu’une diminution de 1% de la vitesse moyenne,  c’est 4% de tués en moins.

Il y a deux ans, Manuel Valls lui-même avait semblé approuver cette mesure, mais pas forcément sur tout le territoire français d’un seul coup. Depuis le ministre de l’intérieur est devenu patron de Matignon et il semble avoir banni de ses projets toute mesure qui accentuerait encore l’impopularité du gouvernement. Or, selon les sondages, 85% des automobilistes sont tout à fait opposés à la réduction de la vitesse maximale sur les routes à deux voies.

Cette semaine, Bernard Cazeneuve a tranché en approuvant l’expérimentation du 80 km/h sur quelques tronçons très accidentogènes et en renvoyant la généralisation de la mesure sinon aux calendes grecques, du moins à la réussite d’une meilleure acceptation. "Une mesure ne peut être appliquée et efficace que si elle est comprise" a dit le ministre de l’intérieur. Il a ainsi coupé l’herbe sous le pied du Conseil National de la Sécurité Routière,  où les répressifs très majoritaires s’apprêtaient à voter la généralisation de la mesure. Il a aussi privé, par la même occasion, les caisses de l’Etat d’une manne supplémentaires puisque les radars auraient à nouveau crépité, alors que depuis le début de l’année, on s’aperçoit que leur rendement est en baisse. Des radars que le ministre a promis de déplacer vers les zones les plus dangereuses ce qui sous-entend qu’ils n’y sont pas forcément.

Bien sûr les tenants de la répression brandissent les très mauvais chiffres de la mortalité routière, en forte hausse depuis le début de l’année, alors qu’elle était en forte baisse en 2013.

Or, mis à part les conditions météo, on ne peut pas dire que la répression ait baissé d’un cran. Au contraire, les contrôles radars mobiles ou embusqués n’ont jamais plu aussi dru à la moindre incartade. Est-ce à dire que ce n’est pas à coup de bâton qu’on fait rentrer la bonne conduite dans la tête des conducteurs ? Ou bien que la vitesse, obsession de quelques ayatollahs, occulte les principales causes d’accidents mortels : l’alcool 30% des morts et blessés graves, la drogue, 21%, les malaises et la fatigue, et même le non port de la ceinture de sécurité, alors même qu’elle est obligatoire depuis 1976 et qu’elle a largement prouvé son efficacité. 18% des victimes ne la portaient pas. Là, il y a une vraie lacune de pédagogie. Au fait, vous avez bien vérifié que toutes les ceintures sont bouclées à l’arrière de la voiture ?

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