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Le diesel mérite-t-il sa mauvaise réputation?

Les moteurs diesels subissent les attaques répétées du gouvernement et des associations écologistes. Et pourtant : au moment de l'achat d'une voiture neuve, 3 Français sur 4 choisissent un véhicule diesel.
Article rédigé par Denis Astagneau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© maxppp)

Décrié par ceux qui nous gouvernement, le diesel n'en conserve pas moins les faveurs de 75% des consommateurs français. Il faut dire que les pouvoirs publics eux-mêmes incitent à acheter des voitures diesel à travers le différentiel de prix et donc de taxation à la pompeentre le litre d’essence et le litre de gasole (20 centimes environ).

Le diesel bénéficie aussi du système bonus malus .

En consommant moins que l’essence, il émet moins de CO2, donc bénéficie souvent d’un bonus, y compris pour les moteurs de plus de 100 chevaux. Même avec injection, l’essence reste au mieux dans la zone neutre. Sans parler des sportives qui peuvent exploser le malus à 8.000 €. Seules les hybrides et les électriques sont mieux traitées que les diesels. D’où la multiplication dans les villes, des petites diesels qui, jusqu’à récemment, n’avaient pas d’obligation de filtres à particules ni de filtre à Nox.

C’est peut-être pour cette raison que Ségolène Royal veut en terminer petit à petit avec les moteurs diesel. Elle souhaite les remplacer par des autos électriques. Problème : les bornes de recharge sont en nombre insuffisant et l'autonomie des véhicule est encore trop limitée. Les ventes déjà microscopiques des "zéro émission" ont baissé de près d’un quart depuis le début de l’année. L'échange watts contre gasole n’est donc pas pour demain, sauf pour les voitures en libre service. Pour autant la ministre de l’écologie n’est pas favorable à une taxe supplémentaire sur les véhicules diesel, alors que certains députés verts réclament un prélèvement de 500 euros par an.

500 €, c’est exactement le surcout du piège à Nox, autrement dit la nouveauté qui va permettre de rendre les diesels aussi propres et vertueux que les moteurs essence. Le 1er septembre prochain la Commission de Bruxelles impose la norme Euro 6, drastique, pour tous les nouveaux véhicules. Les diesels anciens émettent en effet des particules et des oxydes d’azote, les fameux Nox qui irritent les bronches des citadins. Depuis 2011, tous les véhicules diesels neufs sont équipés du filtre à particules. Maintenant, ce sera le tour des oxydes d’azote d’être piegées, grâce à un filtre à urée qui coutera entre 500 et 700 € de plus.

Ca s’appelle déjà Blue Hdi chez Peugeot Citroën, c’est aussi en place chez la plupart des marques premiums allemandes. Mais pour les petites citadines aux tarifs très serrés, l’augmentation ne passe pas. Les marques françaises, entre autres, ont donc décidé de supprimer les moteurs diesels dans leurs petites voitures : la prochaine Twingo, ainsi que le trio 108 Peugeot, C1 Citroen et Toyota Aygo ne rouleront qu’à l’essence.

Mais les constructeurs voudraient bien que leur efforts pour être plus propres avec les voitures neuves se doublent d’un effort des pouvoirs publics pour éliminer les vieux diesels responsables de la majorité des émissions polluantes automobiles, y compris pour les poids lourds, les camionnettes et les autobus qui crachent toujours aussi noirs. Mais ça, parait-il, ce n’est pas politiquement correct.

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