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Fabrication des batteries pour voitures électriques : Renault passe la main à Nissan

Renault parlait avec insistance de son programme de voitures électriques depuis 3 ans. Or – on l’apprend aujourd’hui – un des éléments clés, au cœur de la voiture électrique – les batteries – sera finalement fabriqué sous le contrôle de Nissan. Et pas par l’ « alliance » Renault-Nissan, comme cela avait été annoncé...
Article rédigé par Jean-Rémy Macchia
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Annonce ferme, faite en 2009. Et plusieurs fois répétée depuis :
Renault allait fabriquer en France ses propres batteries, sur la base d’une technologie développée par ses propres ingénieurs.
Le site retenu était l’usine de Flins. Une usine presque sinistrée par sa sous-utilisation chronique depuis des années.
Accessoirement, c’était une annonce faite aussi bien au public, qu’aux personnels de Renault, rassurés par ce plan qui promettait un maintien de l’emploi à long terme.
Alors que des inquiétudes pesait sur les usines de Renault en France, touchées par des jours de chômage technique et pour plusiseurs, en baisse d’activité – et de rentabilité – depuis des années.
Cette affirmation avait, aussi, rassuré l’Etat, actionnaire de Renault.
Etat qui était inquiet du mouvement de délocalisation engagé par le constructeur.
L'Etat voulait des garanties solides sur l’engagement de Renault à conserver sur le sol français une activité importante de construction automobile.

Ce glissement de « Renault-Nissan » à « Nissan »  apparaît un peu inquiétant pour l’avenir.
Pour le site de Flins , cla reconversion partielle en centre de fabrication de batteries pour TOUS les modèles électriques de Renault, lui insufflait un VRAI renouveau.
Et cette fabrication, elle devait se faire sous la direction des deux marques réunies dans leur alliance. Alors que, là Renault finance la construction. Il reste propriétaire du terrain et du bâtiment.
Mais c’est Nissan qui met en œuvre SA technologie. Et qui assure la fabrication des batteries – en son nom.
Des batteries que Renault achètera à Nissan.

Cela fait plusieurs fois que l’engagement initial de Renault est modifié.
D’abord un retard sur le calendrier initial. Avec le report de presque deux ans pour le début des fabrications des batteries : début 2014.
Et, maintenant, cette modification dans le pilotage et l’exécution du projet.

Cette annonce survient dans un contexte qui est que, depuis 3 ans, Renault a fait de la voiture électrique le fer de lance de sa communication, de son activité de recherche, et même un axe majeur de son propre futur.
Beaucoup de voix s'étaient élevées pour dire :

  • D’abord, que la prévision de Renault de 10% de voitures électriques construites en 2020 ne correspondait à AUCUNE réalité.
    On table, plutôt, sur un 1 à 2%...
  • Ensuite, que ce virage de Renault vers l’électrique ne pouvait assurer à soi seul un succès de Renault dans le futur.
    Là, il y a des faits qui viennent renforcer cette suspicion.

La suspicion porte :

  • sur le fait que en aucun cas, Renault n’est leader en matière de recherche sur le projet de voiture électrique. En atteste la date de sortie du premier modèle « électrique » de Renault : quasiment 1 an après Nissan ;
  • ensuite, l'argument de Renault – qui consiste à dire que la voiture électrique va freiner les délocalisations ; et même re-localiser la production automobile sur le territoire français – semble une utopie.
    D’ailleurs, pour l’instant, regardez deux modèles électriques de Renault :
  • La Fluence Z.E est dotée de batteries japonaises.
  • Son moteur électrique d’une marque allemande ; et il est fabriqué en partie en Hongrie.
  • La voiture elle-même est construite en Turquie.
  • Quant à la future petite « Twizy »
     elle sera fabriquée en Espagne.

Un doute est jeté, aussi, sur le savoir-faire de Renault en matière de batteries. Depuis 3 ans, Renault parle de son avance sur le sujet
Là, Renault va plutôt être suiveur de Nissan .
La direction dit d’ailleurs aujourd’hui en substance : "pourquoi développer une technologie, alors que c’est Nissan qui l’a ? Ce qui rend légitime que Nissan soit maître d’œuvre en la matière."
On repense à l’« affaire » Renault ...
Elle avait secoué l’entreprise en début d’année : trois ingénieurs de très haut niveau avaient été accusés d’espionnage dans le domaine de la voiture électrique Et ils avaient été licenciés.
Une des réactions à l’époque avait été de dire : mais y a-t-il quelque chose à espionner chez Renault ?
En tout cas, sur les batteries il n’y avait pas vraiment quelque chose à voler comme secret industriel.

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