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Arnaud Montebourg, le révolutionnaire compétitif

Après Manuel Valls a décidé à sortir la France des blocages partisans, et accusé de trop en donner aux patrons, voici Arnaud Montebourg. Le ministre de l’Economie se pose en militant de la croissance. En militant de gauche, surtout.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Cela fait 3 mois qu’il planche sur ce discours. Arnaud Montebourg tient à le faire savoir. Ses 30 mesures sont le fruit d’un travail qu’il juge sérieux. Son discours est d’importance, il veut qu’il soit pris en considération. Car depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon, Arnaud Montebourg avait un peu perdu de sa superbe.

Quelles que soient les réticences des gardiens de la pensée gauche au PS, dont Arnaud Montebourg avait porté brillamment les couleurs à la primaire, le Premier ministre bénéficiait des faveurs de la presse. Manuel Valls saturait l’espace politique. Critiqué pour son penchant trop libéral selon certains, louangé pour son sens de la communication, parfois par les mêmes, Manuel Valls était au centre du jeu.

La journée Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg prend la lumière, entre Manuel Valls en Camargue le week-end dernier, et François Hollande le 14 juillet prochain. Arnaud Montebourg profite de cette petite fenêtre de tir pour affirmer son identité : l’homme du patriotisme populaire et de gauche.

Il y a 3 jours, en Camargue, Manuel Valls dressait une forme de bilan de ces 100 jours à Matignon. Le Premier ministre apparaissait assez content de ses orientations et de sa résistance face aux crises sociales. Il a fâché les syndicats, dont certains ont boudé la conférence sociale.

Lundi, François Hollande fera le point sur son action, 6 mois après la réorientation de sa politique annoncée le 14 janvier. Le président expliquera qu’il ne s’agit pas d’un virage libéral, mais d’une accélération des réformes, avant de répondre aux attentes des Français dans leur vie quotidienne en 2015.

Entre Manuel Valls qui court un peu trop au centre du couloir, François Hollande qui regarde loin devant, Arnaud Montebourg veut tenir la corde à gauche. Il s’adresse à l’opinion de gauche.

"Révolution compétitive"

Mais il risque de braquer le patronat. Et on pourrait parler de couac au sein du gouvernement. C’est pourquoi il s’adresse aux patrons, et à l’opinion populaire, sans désigner directement la gauche. "C’est la première fois que les entreprises sont au centre de la  préoccupation publique et politique ", vante Arnaud Montebourg, avant de souligner le "sacrifice historique " consenti pour elles par les Français.

Les formules les plus inédites, mais parlantes à gauche, appuient sa démonstration : "c’est le moment de faire de cette révolution compétitive" , explique Arnaud Montebourg, "un compromis historique populaire ". Après le candidat Hollande "ennemi de la finance", le ministre de l’Économie ne se reconnaît qu’un ennemi : "le conformisme " sur les "idées reçues ".

Entre le gouvernement qui veut tenir ses déficits, les entreprises qui réclament moins d’impôts, et les frondeurs qui défendent la priorité aux ménages, Arnaud Montebourg s’efforce de mettre tout le monde d’accord, en prônant une règle des trois tiers.

L'homme de la réconciliation

Il serait donc l’homme qui réconcilie tout le monde.  Il cherche surtout à se rendre indispensable. Il assume les concessions aux entreprises, mais pour mieux les appeler à des contreparties. Il occupe l’espace laissé libre par Manuel Valls.

En prônant la "révolution compétitive ", Arnaud Montebourg marie deux termes venus de deux vieilles sphères politiques différentes dans la dialectique de gauche : la révolution chère à la "classe ouvrière", et la compétitivité chère à la "classe dirigeante". Avec son style bien particulier, il apparaît le seul à pouvoir les conjuguer, au moins sur le plan lexical et politique.

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