Budget 2025 : pour se dégager du débat embourbé à l'Assemblée, le gouvernement pourrait bien s'appuyer sur le Sénat

Amendements rendant un accord impossible, mesures d'économies additionnelles critiquées par son propre camp, le gouvernement a subi une série de revers lors de l'examen de son projet de loi de finances 2025 à l'Assemblée. Mais grâce au Sénat, Michel Barnier pourrait trouver sa planche de salut.
Article rédigé par Benjamin Sportouch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre Michel Barnier après son discours de politique générale devant le Senat, le 2 octobre 2024, en compagnie du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (ANTONIN BURAT / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Le Premier ministre pourrait laisser la discussion budgétaire aller au maximum de ce qui est possible à l’Assemblée nationale, pour montrer sa volonté de ne pas enjamber les députés. Mais avec une idée derrière la tête : donner la main au Sénat. Il n'y a là aucune entourloupe, les règles constitutionnelles permettent cette voie de passage.

Le Sénat pourrait donc être l’arbitre final, parce que le chef du gouvernement y trouverait une majorité et donc une voie de passage. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Michel Barnier a assisté la semaine dernière à la réunion de groupe des sénateurs LR. Son gouvernement compte aussi, rappelons-le, une dizaine de sénateurs, ce qui est presque inédit.

Deux salles, deux ambiances

Si la droite majoritaire, le camp d’origine du Premier ministre, est plus encline à valider ses options budgétaires, cela ne veut pas dire que le texte n’évoluera pas. Par nature le sens du compromis est plus présent au Palais du Luxembourg qu’au Palais Bourbon. Cela s'explique par trois raisons. Il y a d'abord la moyenne d’âge, on s’en moque suffisamment pour parfois y reconnaître la condition d’une forme de sagesse et de recul. Il y a aussi le mode de scrutin indirect, qui met à l’abri d’une pression électorale et de l’opinion. Et on y trouve enfin l’absence de pression médiatique - le Sénat attirant bien moins caméras et micros… Peut-être à tort finalement.

Quant aux débats eux-mêmes, ils sont moins électriques. Et pour cause : les pôles les plus radicaux y sont plus ou moins absents. La gauche y est certes présente mais pas les insoumis, et le RN ne dispose que de trois représentants.

Il a pourtant été question par deux fois de se passer du Sénat. Le Général de Gaulle l’avait carrément qualifié "d’erreur de la Ve République". Le référendum de 1969 visait même à le supprimer. On connaît la suite : c’est le général qui dut partir. Quelques années plus tard, c’est Lionel Jospin, alors Premier ministre, qui qualifiait le Sénat "d'anomalie démocratique", coûteux et superflu.

Mais ceux qui ont voulu sa disparition n'auraient certainement pas imaginé que le Sénat deviendrait un jour le garant potentiel de la stabilité budgétaire de l’État et donc du pays. "Le Sénat is back", a jubilé le sénateur centriste historique Hervé Marseille. Le bicamérisme à la française, ce système parlementaire comprenant deux chambres législatives, est donc plus que jamais vivant !

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