Cécile Duflot, une culture de gouvernement verte
Cécile Duflot n'a que 38 ans. Quand la gauche a quitté le pouvoir, en 2002, elle n'en n'avait que 27. Elle est devenue numéro un des verts 4 ans plus tard, en
- Autant dire qu'avant de devenir ministre du gouvernement Ayrault,
la militante écologiste n'avait connu que l'opposition, et sa culture protestataire. Aujourd'hui, elle s'efforce de concilier ces deux approches,
en cultivant à la fois la différence de son mouvement, et la solidarité gouvernementale.
Ce qui donne ceci, quand Cécile Duflot défend le sérieux
budgétaire de François Hollande.
"On est dans une situation délicate où on a dû faire face
en arrivant à un endettement public extrêmement important. Donc il fallait
absolument être en situation d'engager cette trajectoire de désendettement.
Elle était nécessaire pour la France... du sérieux budgétaire puisque c'est ça le
terme consacré, ça veut dire, effectivement, qu'il faut être en capacité de
pouvoir faire des économies dans certains secteurs. "
Pas question donc de reformuler dans sa voix, les critiques
d'Europe-Ecologie-Les Verts qui réclamaient un changement de ligne le week end
dernier.
"Si vous voulez que le dirigeant des écologistes vous
explique la proposition des écologistes sur la réforme des retraites, je vous
propose d'inviter Pascal Durand. ici,
devant vous, je ne suis pas la porte-parole d'EELV ."
D'un coté, il y a le parti, de l'autre la ministre.Ils partagent tous les mêmes convictions, mais le parti peut
exprimer des choses, que la ministre peut penser, sans les dire publiquement. Si cela vous parait difficile à comprendre, c'est vous
souffrez d'une approche caporaliste de la politique.
"Vous avez été intoxiqués depuis des années sur une
logique gouvernementale qui serait une sorte de casernement, c'est-à-dire qu'il
y aurait au sein du gouvernement une famille politique, et une seule, c'est ce
qu'a fait Nicolas Sarkozy avec l'UMP, qui n'aurait jamais le droit
d'exprimer... Il se trouve que ce gouvernement est composé de représentants de
familles politiques différentes. Je pense d'ailleurs que c'est plutôt
enrichissant. Mais ce serait incroyable d'imaginer qu'on est d'accord sur tout,
sinon on serait dans le même parti. Même quand on est dans le même parti, on
n'est pas d'accord. "
Donc les écologistes du gouvernement ne sont pas d'accord
sur tout, mais cela ne les empêche pas de rester tout en se posant la question de
ceu qui pourrait motiver leur départ.
"Ce n'est pas une question personnelle, mais ce n'est
pas une question que j'esquive y compris à titre personnel, c'est d'avoir,
premièrement, le sentiment d'être utile, et deuxièmement, d'avoir le sentiment
que même avec certaines nuances sur un certain nombre de sujets, globalement on
avance dans une direction qui n'est pas contradictoire avec le chemin que
souhaitent prendre les écologistes. "
Comment mesurer cette bonne direction, c'est une question d'équilibre
répond Cécile Duflot.
"J'ai parlé de la fiscalité écologique, c'est un des
moyens de faire en sorte d'engager la transition, mais ce n'est pas une clé
ultime, parce que si tout autour il y avait, par hypothèse, des avancées sur la
fiscalité écologique... Mais sur le reste des sujets, on a un rendez-vous
notamment sur les questions environnementales lors de la conférence
environnementale, les choses n'allaient pas dans le bon sens, mais ce point
d'avancée ne serait pas forcément compensé. Donc, c'est un équilibre global ."
Un équilibre global qui se mesurera surtout dans la loi de
finances à l'automne. Pour l'heure, Cécile Duflot confie préférer exercer ses
responsabilités dans le gouvernement, plutôt que de se désoler à l'extérieur. Après
des années de militantisme dans l'opposition, la culture du pouvoir a pris le
dessus.
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