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Édito
Attaque du commissariat de La Courneuve : le gouvernement face au spectre de nouvelles émeutes dans les banlieues
Pas d'incident cette nuit, mais le commissariat de La Courneuve a été visé par des tirs de mortiers dimanche 17 mars, et voilà le gouvernement face au spectre du retour des émeutes en banlieue. Comme un air de déjà-vu avec le même décor, à savoir le département de Seine-Saint-Denis. Les mêmes acteurs, un jeune de 18 ans tué lors d’une collision avec une voiture de police après un refus d’obtempérer. Et le même déchaînement de violences à l’encontre des forces de l’ordre avec une cinquantaine d’individus qui attaquent un commissariat à coups de tirs de mortier. Les circonstances de la mort du jeune Wanys la semaine dernière à Aubervilliers ne sont pas les mêmes que celles de Nahel qui avait déclenché les émeutes du début de l’été dernier. Une enquête est ouverte. Et le préfet de police s’est dépêché de communiquer. Mais sur le plan politique, c’est bien le même jeu de rôles, usé jusqu’à la corde qui se remet en route.
D’un côté, un gouvernement qui affiche sa fermeté et met le paquet en déployant un dispositif de sécurité hos-norme, parce qu’il craint par-dessus tout que la violence ne s’étende dans les banlieues. De l’autre, des apprentis sorciers qui soufflent sur les braises. A l’extrême gauche où l’ex-candidat du NPA Philippe Poutou exhorte à la violence en qualifiant l’attaque d’un commissariat de "joli feu d’artifice", ou du côté des Insoumis, qui se dépêchent d’accuser ce qu’ils appellent le "racisme systémique de la police". Mais aussi à l’extrême droite où Marine Le Pen espère profiter du désordre en accusant Emmanuel Macron de "plonger la France dans un chaos permanent". Et au milieu, des élus locaux, en première ligne, qui appellent au calme et tentent de jouer les médiateurs. Un mauvais film vu et revu depuis près de 20 ans et les émeutes de 2005.
Des postures martiales peu efficaces
Pour briser cette mécanique infernale, il faut sans doute justement redonner la main aux acteurs locaux, élus, associatifs, ou police de proximité, c’est-à-dire à ceux qui font tenir au jour le jour le tissu social en banlieue. L’État est dans son rôle lorsqu’il veut rétablir l’ordre, la justice aussi qui doit se saisir des faits divers tragiques. Mais année après année, et sous toutes les majorités, on constate que les postures martiales ne suffisent pas. Les banlieues sont un dossier explosif qui colle aux semelles d’Emmanuel Macron depuis l’enterrement du plan Borloo en 2018. C’est surtout un enjeu citoyen qui mérite mieux que de servir, à chaque éruption de violence, de terrain d’expérimentation politique aux apprentis sorciers de tous bords.
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