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Édito
CFDT : quel bilan pour Laurent Berger ?
C'est une page du syndicalisme se tourne. Laurent Berger avait succédé en novembre 2012 à François Chérèque, son mentor, et il est toujours resté fidèle à sa mémoire. Et on a rarement vu un leader syndical se retirer ainsi en pleine gloire, auréolé d’une image aussi positive. Dans les sondages, sa cote de popularité est au zénith. A gauche, certains évoquent même une "Berger-mania"…
>> Qui est Marylise Léon, qui succède à Laurent Berger à la tête de la CFDT ?
Mais peut-il vraiment se targuer d’un bilan positif ? Oui : il a fait de la CFDT la première force syndicale, devant la CGT, depuis les élections professionnelles de 2018. Cette année, Laurent Berger a assumé le leadership d’une mobilisation puissante et durable contre la réforme des retraites en mettant en œuvre une stratégie à la fois ferme et responsable, notamment au regard de certains débordements insoumis au Parlement. Et malgré l’échec final, puisque la réforme va entrer en vigueur, nul ne lui tient rigueur. La CFDT a même engrangé ces dernières semaines un flot d’adhésions dans un pays où le taux de syndicalisation demeure, il est vrai, particulièrement faible.
Pas de politique
Et puis surtout, Laurent Berger a su peser sur le débat public. D’abord comme "ministre du Travail bis", son surnom sous le quinquennat de François Hollande qui le consultait sans arrêt. Puis, peu à peu, comme adversaire d’Emmanuel Macron qui s’est au contraire, toujours appliqué à le contourner. Un rôle d’opposant qui conduit aujourd’hui toute une partie de la gauche à l’imaginer en sauveur pour 2027… Sauf que non. Et Laurent Berger le répète, il n’entrera pas en politique.
D’abord parce qu’il n’en a pas envie. Ensuite parce qu’il est convaincu qu’un tel changement de rôle nuirait à la CFDT, qu’il veut préserver à tout prix. Et puis il sait que son actuelle cote de popularité tient aussi à la médiocrité de l’offre politique à gauche. Il comble un vide, pour un temps. Alors vous me direz, il reste quatre ans avant la présidentielle, il a largement le temps de changer d’avis… C’est vrai. Et çà s’est déjà vu plus d’une fois. Dernier exemple en date, Anne Hidalgo qui jurait pendant les municipales à Paris qu’elle ne se présenterait pas à la présidentielle. Bon, vu l’issue de son aventure, pas sûr que ça donne à Laurent Berger des envies d’Elysée.
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