Édito
Comment l’extrême droite souffle sur les braises du meurtre du jeune Thomas

La petite ville de Romans-sur-Isère dans la Drôme a été le théâtre d’incidents violents provoqués par l'ultradroite, samedi soir, une semaine après la mort d'un adolescent.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des tension à Romans-sur-Isère, le 25 novembre 2023, dans la Drôme, suite à la mort de Thomas au bal de Crepol. (FABRICE HEBRARD / MAXPPP)

Samedi 25 novembre dans la soirée, 80 militants d’ultradroite ont prétendu venger, en quelque sorte, le meurtre de Thomas, ce jeune garçon de 16 ans, poignardé lors de l’attaque d’un bal populaire dans la commune de Crépol, à une quinzaine de kilomètres de là. Ces militants ont voulu investir le quartier de Romans dont sont issus la plupart des neuf suspects interpellés et mis en examen. Ils ont lancé une sorte de chasse à l’homme et s’en sont pris aux forces de l’ordre. Une telle expédition punitive est rarissime et elle illustre la dégradation du climat politique.

Il ne faut pas surestimer la menace de l’ultradroite avec environ 2 000 individus à l’échelle du pays, la plupart connus des services et parfois fichés S, mais elle existe. Gérald Darmanin a déjà mis en garde contre le risque d’attentats d’ultra-droite, dissous certains groupuscules et interdit des rassemblements ou réunions publiques. Car ce qui est nouveau, c’est que cette mouvance identitaire ose désormais s’afficher au grand jour. Samedi soir, dans les rues de Romans, on entendait des slogans comme "la France nous appartient" ou "Islam hors d’Europe !", ces derniers jours des tags racistes ont également dégradé plusieurs mosquées, bref, l’ultradroite parade, avec la complicité tacite des partis d’extrême droite.

Récupération politique de l'extrême droite

Éric Zemmour et son mouvement Reconquête brandissent les prénoms à consonance étrangère des suspects pour dénoncer ce qu’ils appellent "un francocide". Leurs frères jumeaux lepénistes du RN accusent les médias et la justice de minimiser le drame de Crépol, alors que neuf jeunes ont déjà été interpellés et mis en examen pour "meurtre en bande organisée". Les deux partis d’extrême droite accusent le gouvernement, et au-delà l’État, de "protéger les racailles".

Le meurtre du jeune Thomas est bien sûr un fait divers tragique. C’est sans doute aussi un fait de société car il illustre la montée d’une forme d’ultra-violence, cette "décivilisation" contre laquelle Emmanuel Macron alertait il y a quelques mois. Mais l’extrême droite zemmouro-lepéniste veut aller plus loin, tirer des conséquences ethniques pour en faire un fait politique. Bref souffler sur les braises de l’affrontement identitaire qu’elle appelle de ses vœux pour déstabiliser les institutions de la République.

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