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Édito
Drapeau européen sur les mairies : la Macronie tend un piège à la Nupes et à l'extrême droite

En ce 9 mai, journée de l’Europe, l’Assemblée Nationale doit débattre d’une proposition de loi du groupe Renaissance qui veut rendre obligatoire la présence du drapeau européen aux côtés du drapeau français sur le fronton des mairies… L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le drapeau européen sous l'Arc de Triomphe pour célébrer le début de la présidence française de l'Union européenne. (ALAIN JOCARD / AFP)

Faut-il rendre obligatoire le drapeau européen aux côtés du drapeau français sur les mairies ? Une proposition symbolique bien sûr, mais qui illustre la stratégie de la majorité qui veut faire de l’Europe un enjeu capital des mois à venir. D’abord parce que sur ce sujet : elle a les idées claires. On s’interroge parfois sur la nature du projet macroniste, on moque ses oscillations, son côté "en même temps".

>> Drapeau européen sur les mairies : pour le groupe MoDem, ce n'est "vraiment pas une urgence"

L’engagement européen est une constante du chef de l’Etat. À l’inverse, c’est un motif de discorde permanente à gauche. 18 ans après le référendum de 2005, elle n’en finit pas de se déchirer entre le camp des "ouistes" et celui des "nonistes". On l’a encore vu lundi 8 mai quand l’eurodéputée insoumise Manon Aubry a asséné sur franceinfo que le drapeau européen renvoyait à une "forfaiture démocratique", une allusion au Traité de Lisbonne.

Ce piège européen pourrait se retourner contre la majorité

Une déclaration qui fâche d'ailleurs les écologistes : l'eurodéputé Yannick Jadot a qualifié, au contraire, le drapeau européen de "magnifique symbole de liberté, de démocratie et d’Etat de droit". Pour les Verts, la sortie de Manon Aubry est une aubaine. Elle montre qu’il est impossible que la Nupes présente une liste unique aux Européennes de juin prochain. L’Europe, c’est donc un piège tendu à la gauche, qui est tombée dedans à pieds joints. Mais aussi à l’extrême droite : les élus RN ne cachent pas qu’ils n’aiment pas le drapeau européen. En revanche, depuis le début de la guerre en Ukraine, Marine Le Pen essaye de masquer, plus ou bien, ses penchants pro-russes. La voilà donc coincée par l’autre proposition soumise à l’Assemblée : une résolution transpartisane visant à qualifier la milice Wagner de "groupe terroriste". Marine Le Pen a indiqué qu’elle l’approuverait.

Mais ce piège européen pourrait se retourner contre la majorité. D’abord, parce que même si elle a été efficace face au Covid et à Poutine, l’Europe est souvent perçue comme impuissante face au défi migratoire ou à l’inflation. Surtout, c’est un thème éloigné des préoccupations quotidiennes des Français. Au point que certains députés Modem et Horizons pestent contre l’initiative de leurs homologues de Renaissance sur le drapeau européen. Et ils pourraient bien la faire échouer au moment du vote.

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