Édito
Emmanuel Macron à la messe du pape François à Marseille : un président devrait-il faire ça ?

L’Élysée l’a confirmé, jeudi 14 septembre, Emmanuel Macron assistera le 23 septembre à la messe que donnera le pape François au stade Vélodrome lors de sa visite aux rencontres méditerranéennes à Marseille.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron et le pape François, le 24 octobre 2022, lors d’une visite au Vatican. (VATICAN MEDIA / IPA-AGENCY.NET / MAXPPP)

Le chef de l’État adore la cité phocéenne, sa "ville de cœur", dit-il, et son équipe de foot. Emmanuel Macron se rendra au stade Vélodrome, mais pour voir un seul "homme en blanc", comme le chantait Pierre Bachelet, et non pas onze, ceux de l'OM. Cette décision a suscité une avalanche de critiques venues de la gauche, en particulier des Insoumis. Jeac-Luc Mélenchon juge qu’Emmanuel Macron piétine ainsi la laïcité et la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat.

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Comme toujours, il faut distinguer la lettre et l’esprit de la loi. Rien dans le texte de 1905 n’interdit à un Président en fonction d’aller à la messe. Du général de Gaulle à Nicolas Sarkozy, en passant par Jacques Chirac, beaucoup l’ont fait. Ce n’est pas non plus la première fois qu’un Président se rendra à une messe papale, même si la dernière remonte à 43 ans. C’était Valéry Giscard d’Estaing, en 1980 à l’occasion d’une messe donnée à Notre-Dame par Jean-Paul II.

Un message politique confus

En revanche, on peut légitimement considérer que ce choix contredit l’esprit de la loi de 1905 qui garantit la liberté de conscience des croyants, et des non-croyants, mais qui sépare les organisations religieuses et l’Etat, forcément neutre, puisque la République laïque "ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte". D’ailleurs, preuve que sa présence n’allait pas de soi, l’Élysée souligne que le Président ne participera pas à l’eucharistie, c’est-à-dire qu’il ne communiera pas.

Emmanuel Macron fait ce choix par conviction personnelle – il y a quelques années, il affirmait vouloir "réparer" le lien qu’il jugeait "abîmé" entre l’État et l’Église. Mais aussi sans doute pour adresser un clin d’œil à un électorat catholique plutôt classé à droite.

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Le souci, c’est que ce message politique vient en brouiller deux autres : la fermeté affichée par le gouvernement pour protéger la laïcité menacée par les communautarismes religieux et illustrée par l’interdiction du port de l’abaya à l’école ; et l’intention de légiférer sur la fin de vie. Dans la majorité, la présence du chef de l’État à la messe papale va attiser les craintes de ceux qui s’inquiètent de son silence prudent sur l’instauration d’une aide active à mourir, une réforme à laquelle l’Église catholique s’oppose fermement.

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