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Édito
Emmanuel Macron et le Qatar : une certaine ambiguïté au profit des intérêts commerciaux et politiques de la France

Emmanuel Macron retournera dimanche 18 décembre au Qatar pour assister à la finale du Mondial entre la France et l’Argentine. Il y était déjà mercredi pour le match contre le Maroc. Cette présence fait grincer beaucoup de dents.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président français Emmanuel Macron au Qatar le 14 décembre 2022, pour la demi-finale de la Coupe du monde de football, contre le Maroc (NICK POTTS / MAXPPP)

Ce qui fait grincer encore plus de dents, ce sont certains des propos qu’il a tenus à Doha. Car mercredi 14 décembre, Emmanuel Macron n’était pas que supporter des Bleus mais aussi… des organisateurs. Ainsi a-t-il félicité le Qatar : "L’organisation est bonne, la sécurité est bonne, ne mégotons pas notre plaisir". Rappelons que la construction des stades s’est soldée par la mort de nombreux ouvriers immigrés et de lourds dégâts pour l’environnement, et que le régime, pas vraiment démocratique, ne respecte pas les droits humains, en particulier ceux de la communauté LGBT.

Le satisfecit accordé par le chef de l’Etat a suscité un tollé parmi ses adversaires, des Verts à Marine Le Pen en passant par le patron du PS, Olivier Faure, mais aussi chez plusieurs ONG comme Amnesty International. Mais Emmanuel Macron l’a répété jeudi : il "assume totalement". En l’occurrence, Emmanuel Macron joue de l’ambiguïté, allant au Qatar soutenir les Bleus parce qu’il s’agit d’un événement sportif "qu’il ne faudrait pas politiser"…  et faisant lui-même de la politique en applaudissant les organisateurs. D’ailleurs, le chef de l’Etat a prévu de rencontrer certains dirigeants dimanche à Doha. Les intérêts commerciaux commandent, les investissements du Qatar en France sont considérables et Emmanuel Macron veut en profiter pour favoriser la France par rapport à ses concurrents européens plus critiques envers le régime.

En affichant son soutien à l’émirat, il envoie aussi un message plus politique

     
Au fil des jours, ce Mondial est devenu celui du monde arabe. On a l’a vu notamment avec le soutien reçu par l’équipe du Maroc. Et pour accentuer son influence, le régime qatari a essayé de retourner le "Qatar bashing" à son profit. Il a dénoncé une forme racisme occidental, et rappelé que la Russie n’avait pas subi pareil traitement en 2018 alors que Moscou avait déjà annexé la Crimée.

C’est aussi pour contrer cet argumentaire et s’adresser à l’importante communauté arabe qui vit en France qu’Emmanuel Macron a loué l’organisation du Mondial. Et à ceux qui lui reprocherait son silence sur le sort de la communauté LGBT, l’exécutif peut répondre que lors du match France- Angleterre, la ministre des Sports portait courageusement un pull aux manches arc-en-ciel.

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