Édito
Entre agriculture et environnement, l'exécutif est-il en train d'enterrer le "en même temps" ?

En cédant aux revendications des agriculteurs, l'exécutif prend le risque de se mettre à dos les associations environnementales.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président de la République Emmanuel Macron (à gauche) au côté de Gabriel Atal, alors ministre de l'Education nationale, le 13 octobre 2023. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Gabriel Attal reçoit de nouveau les organisations syndicales agricoles mardi 13 février dans l'après-midi. Le coup de semonce lancé par Arnaud Rousseau lundi matin sur franceinfo a été entendu. Le Premier ministre ouvre de nouveau la porte de son bureau au patron de la FNSEA. Il accueillera également Arnaud Gaillot, le responsable des Jeunes agriculteurs. Dix jours après avoir levé leurs barrages, les agriculteurs menacent de se mobiliser de nouveau. Ils trouvent que le compte, ou plutôt le rythme n’y est pas. Que le gouvernement tarde à concrétiser ses engagements. Et puis surtout, les syndicats agricoles remettent un coup de pression à l’approche du salon de l’Agriculture qui ouvre dans 10 jours. 

Les agriculteurs sont les maîtres des horloges et menacent implicitement de pourrir la visite d’Emmanuel Macron s’ils n’obtiennent pas satisfaction. Le chef de l’État va d’ailleurs recevoir lui aussi l’ensemble des organisations agricoles à partir de mercredi, "comme chaque année" avant le Salon souligne l’Élysée.

Les associations environnementales mécontentes


L'exécutif, avec ces rendez-vous prend le risque de froisser les défenseurs de l’Environnement. À ce titre, la journée de lundi illustre la situation inconfortable dans laquelle il se retrouve, coincé entre deux feux. Au moment où l’on apprenait que Gabriel Attal s’apprêtait à recevoir les organisations paysannes, huit ONG environnementales claquaient la porte de la réunion du comité de suivi du plan Ecophyto au ministère de l’Environnement. Pas question de tolérer la suspension de ce plan qui vise à réduire l’utilisation des pesticides de 50% d’ici 2030. Ou d’accepter que le gouvernement corrige l’indicateur qui mesure la quantité des pesticides pas leur nocivité. Résultat, le dialogue est rompu avec les associations environnementales, il reprend avec les agriculteurs.


 
Aux yeux de l’opinion, le gouvernement véhicule l'image de pencher pour un camp. Bien sûr, l’exécutif défend son bilan environnemental, notamment par la voix du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, mais le gouvernement veut surtout se montrer à l’écoute des agriculteurs. D’abord parce que leur mouvement est très populaire dans l’opinion. Et puis parce que dans les sondages d’intentions de vote pour les élections européennes, c’est l’extrême droite qui a le vent en poupe, en France comme en Europe, pas les écologistes donnés en net recul. Un calcul qui n’est pas sans risque. À force de céder aux revendications des agriculteurs, l’exécutif pourrait donner l’idée à d’autres corporations de se mobiliser à leur tour.

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