Édito
Gouvernement de François Bayrou : le dépit du Parti socialiste

Le PS qui avait semblé ouvrir des portes ces dernières semaines paraît être le grand perdant de l’opération. Dès l'annonce du gouvernement, lundi, le patron du parti, Olivier Faure, à fait part de sa déception et de sa colère.
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Olivier Faure à l'Assemblée nationale, à Paris, le 1 er octobre 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)


La gauche a réagi violemment à l’annonce de la composition du gouvernement. Dès l’annonce de la liste, lundi 23 décembre Olivier Faure a laissé éclater sa colère. "Ce n’est pas un gouvernement, c’est une provocation. La droite extrême au pouvoir sous la surveillance de l’extrême droite, affirme le premier secrétaire du Parti socialiste français.

Les socialistes ont le sentiment que François Bayrou renonce à Xavier Bertrand pour satisfaire le RN, ce que Matignon conteste, mais que pour les satisfaire, eux : il n'y a rien ! Au contraire : un duo très à droite Retailleau /Darmanin pour l’Intérieur et la Justic, des battus aux législatives comme Amélie de Montchalin et Patrick Mignola, le retour d’Élisabeth Borne symbole de la macronie et du 49.3.  À Bercy, il y a certes maintenant un ancien des cabinets Sapin et Rocard, mais Éric Lombard n’aura pas, selon eux, les coudées franches. La touche finale étant Manuel Valls aux Outre-mer, symbole d’une gauche sécuritaire qui n’élargit pas le socle commun et qui crispe un peu plus toute la gauche.

Pourtant, Olivier Faure était allé assez loin, envisageant même une participation au gouvernement sur franceinfo il y  a deux semaines et pour la première fois depuis la dissolution. Sans doute poussé par son opposition interne qui voulait s’émanciper des insoumis, il était prêt à discuter avec les macronistes et la droite sur la base "de concessions réciproques". Effet immédiat : les mélenchonistes hurlaient au coup de canif dans le NFP.

Une mauvaise nouvelle pour le PS

Après échange avec Emmanuel Macron, puis avec François Bayrou, la ligne est redevenue : pas de participation au gouvernement, mais pourquoi pas un "accord de non-censure". Une idée défendue depuis l’été par le député Philippe Brun. C’est là que François Bayrou a fait un geste en proposant de reprendre la réforme des retraites, mais sans la suspendre, ce qui est impossible techniquement. Ces dernières heures, les socialistes disaient avoir soumis à Matignon une solution technique, au point d’imaginer que le Premier ministre l’annoncerait lundi soir sur BFM. Non seulement il n’a pas suspendu, mais il a clairement récusé cette fois l’idée d’un accord de non-censure. Cela met François Bayrou à la merci d’une censure dès janvier, mais pour Olivier Faure, c’est aussi une mauvaise nouvelle.

Il a pris le risque de la rupture avec la France insoumis, un risque électoral avant tout pour les municipales de 2026 et peut-être des législatives anticipées avant cela, sans même ramener de butin à ses troupes alors que son mandat est remis en jeu au prochain congrès. "Pour un accord, il faut le croisement de deux volontés. Ce soir la sienne est introuvable", commentait résigné Olivier Faure lundi soir à franceinfo.

Plus optimiste, l’un de ses opposants en interne soulignait qu’au moins, "il serait dit que les socialistes avaient joué le jeu avec le front républicain et l’accord de non-censure, et que le duo Macron/Bayrou avait préféré donner raison à Jean-Luc Mélenchon".

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.