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Édito
Gouvernement de François Bayrou : Xavier Bertrand, le caillou dans la chaussure du Premier ministre
Le cas Xavier Bertrand n'a pas fini d'empoisonner la vie de François Bayrou. Depuis lundi 23 décembre et son communiqué où il explique qu'il n'est pas au gouvernement parce que le RN a mis son veto, le président de la région des Hauts-de-France se tait, replié en famille pour les fêtes. Mais on peut l'imaginer : il savoure ! Le voilà renforcé dans son image du courageux qui s'est levé face à l'extrême droite, Ce qui lui vaut des applaudissements républicains de l'écologiste Marine Tondelier. "Nous ne partageons pas les mêmes orientations politiques avec Xavier Bertrand, indique sur X la Secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts, mais nous nous retrouvons toujours sur le barrage républicain". Au PC Fabien Roussel salue lui "une goutte de dignité dans cet océan de médiocrité."
Sa version de l'histoire s'impose alors que le soir même François Bayrou tente d'en développer une autre. Sur BFMTV, le Premier ministre en parlant de Xavier Bertrand dit en substance : nous n'avions pas la même conception du ministère de la Justice. "Xavier Bertrand voulait, par exemple, que les amendes soient directement facturées et payées par une retenue de salaire, détaille-t-il. Je trouve qu’on ne peut pas s’attaquer comme ça à la question du civisme. Ça n’a rien à voir avec une défiance avec Marine Le Pen, ça a à voir avec moi." La preuve que François Bayrou n'est pas dépendant du RN, selon Matignon. Les troupes de Marine Le Pen hurlaient depuis 48heures : "pas de Xavier Bertrand sinon : censure !" Bravant cette menace, Francois Bayrou lui a quand même proposé le poste ! S'en est suivie l'offre alternative : le ministère de l'Agriculture, avec un enjeu stratégique, y compris vis-à-vis du RN. Refus de Xavier Bertrand. Dans le service après-vente, l'entourage assure en tout cas qu'il n'a pas parlé à Marine Le Pen durant le week-end, mais sa version de l'histoire passe complètement à la trappe, et le soupçon de sa dépendance au RN s'installe.
Le poids de la réforme des retraites
Qui dit vrai ? La réponse est peut-être à chercher du côté d'un PS plus que jamais divisé. Tant que les socialistes et Olivier Faure discutaient avec François Bayrou d'un accord de non censure, le Premier ministre pouvait ignorer les menaces du RN et intégrer Xavier Bertrand dans son équipe. Numériquement, il n'était pas loin d'une majorité, à supposer que les écologistes et les communistes suivent leurs alliés socialistes. Mais ce fameux lundi soir, sur BFMTV, François Bayrou ferme la porte à cet accord de non-censure, écarte toute suspension de la réforme des retraites. Le lendemain, mardi, les proches de Boris Vallaud président du groupe veulent encore y croire, mais Olivier Faure, le premier secrétaire, sur France Inter, enterre l'idée.
Pendant ce temps, le RN exulte. Non seulement Xavier Bertrand n'est pas garde des Sceaux, mais celui qui prend le poste n'est autre que Gerald Darmanin, seul politique du bloc central à avoir publiquement volé au secours de Marine Le Pen face à la menace d'une inéligibilité immédiate dans l'affaire des assistants du Parlement européen. Dénouement le 16 janvier, lors du vote de la motion de censure que déposeront les insoumis.
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