Édito
Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron cultive le concept d'ambiguïté stratégique

Le chef de l’État était interviewé jeudi soir, sur TF1 et France 2, à propos du confit en Ukraine. Après ses déclarations controversées sur un éventuel envoi de troupes alliées au sol, il s'est livré à un exercice pédagogique pour expliquer la position de la France.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Emmanuel Macron lors de l'interview en direct sur TF1 et France 2, avec Gilles Bouleau et Anne-Sophie, le 14 mars 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Pendant 35 minutes, jeudi 14 mars, on a vu un chef de l’État aux accents de chef de guerre, qui portait un message simple, répété tout au long de l’émission : cette guerre ne concerne pas que les Ukrainiens, elle nous concerne nous aussi. 

C’est une "guerre existentielle pour la France et l’Europe", a-t-il martelé. Une victoire militaire de Vladimir Poutine aurait des répercussions directes sur "la vie des Français", parce que la sécurité du continent tout entier serait menacée. D’où cette fameuse "ambiguïté stratégique" qu’Emmanuel Macron a de nouveau cultivée jeudi soir.

Le chef de l’État assume sa prise de position

Il est revenu sur son refus d’exclure à jamais un éventuel envoi de troupes au sol, des propos qui lui ont valu plusieurs désaveux en Europe, dont celui du chancelier allemand Olaf Scholz. En réaffirmant que "toutes les options sont possibles", Emmanuel Macron souhaite que sa position provoque un "sursaut" en Europe, une prise de conscience. Car sur le terrain, la guerre est à un tournant, et les Ukrainiens en difficulté.

À en croire Emmanuel Macron, plusieurs États approuvent désormais son changement de ton, à commencer par les pays baltes, qui seraient les prochaines cibles sur la liste de Vladimir Poutine. Alors attention, le Président confirme qu’il ne souhaite pas mettre cette menace à exécution. Il répète que "la France n’est pas en guerre contre la Russie" et il assure qu’elle ne prendra jamais "l’initiative" de combattre la Russie, qu’elle ne lancera pas "d’offensive". À ses yeux, le "seul responsable d’une escalade" serait donc "le régime du Kremlin".

"Pour avoir la paix, il ne faut pas être faible"

Emmanuel Macron a aussi évoqué le débat politique en France et l’attitude de ses opposants. Après avoir obtenu un large soutien cette semaine à l’Assemblée nationale comme au Sénat, le chef de l’État a résumé l’attitude des groupes qui ont refusé d’approuver l’accord de soutien à l’Ukraine avec une formule cinglante : "Choisir de s’abstenir ou de voter contre, ce n’est pas choisir la paix, c’est choisir la défaite." Rappelons que le Rassemblement national s’est abstenu et que les Insoumis et les communistes ont voté contre. "Pour avoir la paix, il ne faut pas être faible", a-t-il insisté. Une façon d’accoler en particulier à Jordan Bardella cet esprit munichois, dont la majorité a fait, pour l’heure, son seul argument de campagne pour les élections européennes.

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