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Édito
Guerre entre Israël et le Hamas : le discours sur l'unité d'Emmanuel Macron est-il audible ?
"Restons unis !", c’est le mot d’ordre répété, jeudi 13 octobre au soir, par Emmanuel Macron lors d’une allocution télévisée d’une dizaine de minutes consacrée aux conséquences de la situation en Israël et à Gaza. Le chef de l’État a une crainte : que les massacres commis par les terroristes du Hamas et la riposte de l’armée israélienne ne provoque des tensions dans l’hexagone. Le bouclier, c’est donc "l'unité de la nation et de la République" contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de haine. "Ni division, ni suspicion", a répété Emmanuel Macron. Il a d’ailleurs ressuscité le souvenir du traumatisme national des assassinats de masse commis lors des attentats islamistes du 13 novembre 2015. Faire bloc donc, comme à l’époque, et éviter que les Juifs de France soient de nouveau menacés.
Rassurer la communauté juive
Le chef de l’État s’est appliqué à rassurer la communauté juive. Il a assuré que la République saurait se monter "impitoyable avec tous les porteurs de haine". En quelques jours, l’État a renforcé la sécurité de 582 lieux de culte ou de culture juive et d’écoles confessionnelles, les procureurs ont reçu des consignes de fermeté et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a interdit plusieurs rassemblements pro-palestiniens. Ce qui n’a pas empêché quelques centaines de personnes de se rassembler jeudi soir place de la République à Paris aux cris d’"Israël assassin, Macron complice !".
Ces derniers jours, la haine antisémite s’est surtout déversée sur Internet mais les incidents se sont également multipliés, plus d’une centaine en moins d’une semaine, provoquant plusieurs dizaines d’interpellations. Bref, un climat inquiétant qui incite, selon Emmanuel Macron, à la plus grande "vigilance".
Le chef de l’État a aussi rappelé la position de la France dans le conflit israélo-palestinien. Elle n’a pas changé : soutien à Israël meurtrie par l’attaque terroriste la plus barbare de son histoire, et qui a le droit d’éliminer le Hamas, mais en épargnant les populations civiles, seule attitude digne d’une démocratie. Et puis le Président a rappelé qu’à terme, la paix ne viendra que du respect de deux conditions : le droit d’Israël à vivre en sécurité et un État pour les Palestiniens. Emmanuel Macron s’est aussi appliqué à détacher la cause palestinienne, légitime, du terrorisme, injustifiable. Le Hamas ne sert pas les Palestiniens, il s’en sert et il les dessert. Un discours de raison, sans doute utile dans l’Hexagone, mais largement inaudible dans le fracas des armes qui sévit de l’autre côté de la Méditerranée.
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