Édito
Journée parlementaire des députés Ensemble pour la République : l’après-Emmanuel Macron est déjà dans les esprits

Les députés du groupe Renaissance n'ont, pour la plupart, pas pardonné au président de la République la dissolution de l'été et la cohabitation qui en découle. Mais, plus qu'une fronde organisée, Emmanuel Macron peut redouter l’indiscipline et le délitement de son camp.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron lors d'une cérémonie marquant le 80e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas, le 17 août 2024. (MANON CRUZ / POOL)

Les journées parlementaires du groupe Ensemble pour la République s’ouvrent, mardi 10 septembre, près de Paris, avec des troupes qui s’émancipent d’Emmanuel Macron. C’est l’autre cohabitation qui commence pour le chef de l’État. Celle que vont désormais lui infliger les députés rescapés de son camp. La plupart d’entre eux lui reprochent de les avoir envoyés au casse-pipe avec une dissolution suicidaire et ils sont convaincus d’avoir sauvé leur peau non pas grâce, mais malgré Emmanuel Macron. Pour avoir mouillé le maillot pendant la campagne et finalement sauvé les meubles, Gabriel Attal est l’un des rares à trouver grâce à leurs yeux. Résultat, il s’est emparé sans coup férir des rênes de ce groupe de 99 députés et devrait tenter de conquérir le parti à la fin de l’année 2024.

 
Michel Barnier pourrait faire les frais de cette cohabitation. On a pu le deviner avec l’accueil glacial que lui a réservé Renaissance dans un communiqué lapidaire : "Pas de censure automatique, mais des exigences sur le fond, sans chèque en blanc",  a balancé le parti créé par… Emmanuel Macron. "Ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel", a ajouté Gabriel Attal dans un message aux députés de son groupe. Michel Barnier ira justement à la rencontre de ces députés mardi soir en fin de journée. Histoire d’aplanir ces tensions et d’établir une sorte de modus vivendi. Même si, du côté de Gabriel Attal, il y a aussi un peu de gonflette et pas mal de mise en scène.

Des élus soucieux de sauver leur peau

Il y aura des ministres Renaissance au sein du gouvernement et Gabriel Attal est condamné à soutenir son successeur. Il est fâché, ça, on l’a encore vu avec son long discours un rien narcissique lors de la passation de pouvoirs à Matignon. Ses relations avec Emmanuel Macron sont réduites à néant, mais il ne peut pas être celui qui fait tomber le gouvernement sous peine de porter le fardeau d’une trahison qui pourrait écourter le mandat d’Emmanuel Macron. Sur ce terrain, il a d’ailleurs fort à faire avec Édouard Philippe qui se dit déjà prêt pour une présidentielle anticipée. En fait, plus qu’une fronde organisée, le chef de l’État peut redouter l’indiscipline et le délitement de son camp, au gré des textes que présentera le gouvernement Barnier. Ses députés se mettent à leur compte. La "start-up nation" s’est transformée en groupe d’auto-entrepreneurs. Des élus plus soucieux de sauver leur peau en cas de dissolution l’an prochain que de ménager l’avenir de leur ancien Chef. Bref, des députés déjà entrés dans l’après-Macron.

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