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Édito
Le Rassemblement national rattrapé, comme les autres, par les affaires !
Marine Le Pen a donc rendez-vous avec la justice à l’automne prochain. Elle sera jugée pendant deux mois à partir du 30 septembre pour détournement de fonds publics. La cheffe de file de l’extrême droite est accusée d’avoir détourné près de sept millions d’euros entre 2009 et 2016, pour financer son parti politique avec l’argent du contribuable européen. Les magistrats la soupçonnent d’avoir mis en place "de manière concertée et délibérée" un système frauduleux pour payer des salariés de son parti avec les fonds alloués par le Parlement européen à chaque député pour rémunérer leurs assistants. Sur le banc des prévenus, Marine Le Pen, qui nie les faits, retrouvera tout l’état-major du parti, mais aussi son père, Jean-Marie, s’il est en état physique de comparaître, ou encore son ex-compagnon et maire de Perpignan Louis Aliot. Au total, 27 prévenus pour une escroquerie à grande échelle !
Le RN ne fait plus de la lutte contre la corruption un cheval de bataille
Marine Le Pen n’est pas la première cheffe de parti à être jugée pour des faits similaires. François Bayrou l’a été récemment, et blanchi en première instance. Le préjudice total était 25 fois moins important, 293 000 euros contre 6,8 millions pour le RN, et l’implication du patron du MoDem, qui n’était pas député européen, n’a pas été démontrée. Une enquête en cours vise la France Insoumise. Et c’est à cela qu’on mesure la vraie mue de l’extrême droite. Jadis, Jean-Marie Le Pen brandissait le slogan "Tête haute, mains propres" et il traitait ses adversaires de "partis ripoux". Désormais, le RN est un parti "ripou" comme les autres si j’ose dire. On s’interroge parfois sur les succès de la fameuse "dédiabolisation". Les affaires, voilà un domaine où la normalisation, la banalisation de l’extrême droite tourne à plein régime. À mesure que les élus lepénistes ont conquis des responsabilités, ils ont collectionné les casseroles avec les condamnations ont plu. Résultat, le RN ne fait plus de la lutte contre la corruption un cheval de bataille. Et Marine Le Pen se montre très indulgente avec ses adversaires rattrapés par les affaires, comme François Fillon en 2017.
Les électeurs ne lui en tiennent, pour l'heure, pas rigueur. En fait, la première crainte de Marine Le Pen, ce serait d’écoper, à l’issue du procès de cet automne, d’une lourde peine d’inéligibilité qui menace sa quatrième candidature présidentielle en 2027. Au point qu’au sein du RN, certains spéculent déjà sur son éventuel remplacement par Jordan Bardella qui n’est plombé lui, ni par les affaires, ni par le nom Le Pen.
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