Édito
Législatives 2024 : la peur, dans le camp macroniste, de se retrouver relégué à la troisième place

Faute d’avoir construit à temps un véritable accord de gouvernement avec la gauche réformiste et la droite modérée, la majorité présidentielle craint, lors des législatives, de se retrouver écrasée entre le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron lors du sommet du G7 à Borgo Egnazia, dans le sud de l'Italie, le 13 juin 2024. (ALESSANDRO SERRANÒ / AVALON / MAXPPP)

À un peu plus de deux semaines du premier tour, la brève campagne des législatives bat son plein, mardi 18 juin. Entre le Rassemblement national d’un côté et le Nouveau Front populaire, la majorité a bien du mal à se frayer un chemin. La grande peur des macronistes, c'est de se retrouver coincés, écrasés et de disparaître entre ces deux blocs. Éviter à tout prix d'arriver dans la plupart des circonscriptions en troisième position le 30 juin, et laisser du même coup l’extrême droite et la gauche s’affronter au second, une semaine plus tard. Ne sauver au final, que 50 à 100 députés maximum. Emmanuel Macron misait sur l’effet de surprise de la dissolution pour voir la gauche perpétuer ses divisions des européennes et s’éclater en candidatures rivales aux législatives. 


 
La gauche s’est, en réalité, regroupée en quatre jours. Une alliance qui va du trotskiste Philippe Poutou à François Hollande manque forcément de cohérence. Pour faire son retour à l’Assemblée, l’ancien chef de l’État fait même semblant de croire à la retraite à 60 ans, lui, le promoteur de la réforme Touraine qui allongeait la durée de cotisation jusqu’à 43 annuités. Sur le fond, le Nouveau Front Populaire n’est pas d’accord sur grand’chose. Sauf sur sa volonté d’éliminer les macronistes dès le premier tour. Et c’est là que le "en même temps" se retourne contre son auteur.

Faute d’avoir construit à temps un véritable accord de gouvernement avec la gauche réformiste et la droite modérée, la tripartition se retourne contre Emmanuel Macron. Le chef de l’État voit les deux autres blocs mettre en scène leur face à face pour provoquer sa perte.

L'hypothèse d'une coalition gouvernementale

La majorité peut se sortir de ce piège en brandissant la menace du chaos économique et budgétaire au cas où l’un des deux autres blocs l’emporterait, en revendiquant d’être le seul camp de la "responsabilité", le seul à présenter des propositions crédibles et financées. C’est le leitmotiv du Premier ministre Gabriel Attal. La majorité peut aussi tendre la main à quelques alliés potentiels au cas où … C’est la raison pour laquelle la coalition macroniste, réunie sous le label "Ensemble pour la République", ne présente pas de candidats dans une soixantaine de circonscriptions, ce qui peut contribuer à faciliter l’élection de candidats de droite ou de gauche compatibles avec les députés macronistes qui auront survécu à la tempête. Comme si le chef de l’État espérait encore extraire du champ de ruines qu’il a créé avec sa dissolution une coalition gouvernementale qu’il a été incapable de bâtir depuis les législatives de juin 2022.

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