Législatives 2024 : on vous résume ce qu'il faut retenir des investitures dans chaque camp

Depuis dimanche soir, tous les candidats aux 577 sièges de députés sont enregistrés auprès des préfectures, après une semaine de rebondissements et de confusion pour nouer dans l'urgence les alliances ou, au contraire, tourner le dos à sa formation politique.
Article rédigé par franceinfo
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Des responsables de La France insoumise (Manon Aubry, Mathilde Panot), du PCF (Ian Brossat), du PS (Olivier Faure) et des Ecologistes-EELV (Marine Tondelier et Yannick Jadot) défilent derrière la banière du Nouveau Front populaire, le 15 juin 2024 à Paris. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Toutes et tous sur la ligne de départ. Dans les 577 circonscriptions du pays, les postulants aux élections législatives anticipées avaient jusqu'à dimanche 16 juin, 18 heures, pour déposer leur déclaration de candidature en préfecture. Des démarches pas si simples, dans un contexte de confusion et d'urgence, après l'annonce surprise de la dissolution de l'Assemblée nationale à l'issue des résultats des européennes.

Candidatures dissidentes à gauche, alliances locales entre la droite et le camp présidentiel, ralliement d'Eric Ciotti et de ses proches au Rassemblement national (RN)… On vous résume les grandes lignes à retenir de ces investitures, en vue du scrutin qui se tiendra les 30 juin et 7 juillet.

La gauche s'unit sous la bannière du Nouveau Front populaire

La gauche a réussi le tour de force de surmonter en quelques jours des mois de divisions sous la bannière du Nouveau Front populaire. Cette alliance, qui rassemble principalement Les Ecologistes-EELV, La France insoumise, le Parti communiste français et le Parti socialiste, s'est entendue sur un programme, une répartition des circonscriptions et le choix des investitures, définies parti par parti. Elle rassemble très largement, allant de Philippe Poutou (issu du Nouveau Parti anticapitaliste, mais investi par La France insoumise dans l'Aude) à l'ex-président de la République François Hollande, candidat en Corrèze.

Créditée de 25% des intentions de vote, selon un sondage Ifop pour LCI et Le Figaro (document PDF), dix points derrière le Rassemblement national, l'union de la gauche doit encore convaincre qu'elle est capable de résister à l'hétérogénéité de ses composantes. Plusieurs figures, Mathilde Panot, Clémentine Autain et François Ruffin pour LFI, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, le communiste Fabien Roussel et l'écologiste Marine Tondelier, ont prévu de participer à un événement baptisé "Construire un nouveau Front populaire avec la société civile", organisé à Montreuil (Seine-Saint-Denis) lundi soir.

Le retour de François Hollande

L'ancien président de la République a créé la surprise samedi, en annonçant sa candidature en Corrèze. Après quelques heures de confusion, il a bien été désigné candidat aux élections législatives dans la première circonscription du département, sous l'étiquette PS, soutenu par le Nouveau Front populaire. Le premier secrétaire du parti, Olivier Faure, a confirmé lundi matin sur franceinfo que François Hollande ne l'avait "pas appelé" avant de présenter sa candidature. Pour autant, il approuve la candidature de l'ancien président de la République. "Cela montre un front qui est très large", qui "permet de dire aux Français : toute la gauche est là, [et que] nous sommes là non pas pour faire bonne figure, mais résister à l'extrême droite", a estimé Olivier Faure.

Cette circonscription ne comporte pas de candidat issu du camp présidentiel. Faut-il y voir un soutien de la part des macronistes ? "L'ancien président est candidat dans l'alliance LFI, ce n'est pas cette alliance qu'on souhaite voir gagner pour le pays", a réfuté Gabriel Attal sur RTL. "Il y a d'autres candidats plus à même d'éviter la victoire du Rassemblement national" dans cette circonscription, a souligné le Premier ministre, évoquant le député sortant Les Républicains, Francis Dubois.

Pas de candidats du camp présidentiel dans une "soixantaine de circonscriptions"

Sonnée par la dissolution et distancée dans les premiers sondages publiés ces derniers jours, le camp présidentiel est menacé d'arriver en troisième position dans nombre de circonscriptions, derrière le RN et la gauche. Pour éviter cela, Gabriel Attal a annoncé lundi matin que la majorité sortante présentera des "candidats utiles" sous la bannière Ensemble pour la République dans près de 500 circonscriptions (un chiffre actualisé tout au long de la journée de lundi).

Le chef du parti Horizons, Edouard Philippe, a obtenu 80 investitures dans ce contingent. Pour Gabriel Attal, la situation est claire : "Il y a trois choix". A gauche, "l'alliance menée par La France insoumise", à droite, "l'alliance menée par le Rassemblement national", et au milieu, le "troisième bloc", pour lequel le Premier ministre "mène la campagne".

En conséquence, Ensemble pour la République ne présentera donc pas de candidats dans "une soixantaine de circonscriptions" face à des élus de droite, de gauche ou du groupe indépendant Liot. "Nous apportons notre soutien à un autre candidat" dans ces territoires, a expliqué le Premier ministre sur RTL. "On savait que nos candidats ne seraient pas les mieux placés pour éviter une victoire des extrêmes", a-t-il justifié. Le camp présidentiel ne présente donc pas de candidats face aux députés LR sortants Michèle Tabarot, Marie-Christine Dalloz, Virginie Duby-Muller, Emilie Bonnivard, Nicolas Forissier, Philippe Juvin ou encore Julien Dive. A gauche, la macronie fait notamment l'impasse contre le socialiste Jérôme Guedj, qui se représente dans l'Essonne, sans l'étiquette Nouveau Front populaire.

Certaines candidatures font aussi débat. Ainsi, l'ex-ministre des Solidarités Damien Abad, mis en examen pour tentative de viol, est candidat à sa réélection dans l'Ain. Jeudi, il avait assuré à l'AFP avoir le soutien du camp présidentiel. "Ce n'est pas notre candidat", a démenti le ministre de la Justice sur France 2, lundi matin. "Il n'a pas été investi" par la majorité présidentielle, a martelé Eric Dupond-Moretti.

Adrien Quatennens renonce, des figures de LFI pas investies

Condamné pour violences conjugales en 2022, le député LFI sortant Adrien Quatennens, sous pression, a finalement jeté l'éponge dimanche, malgré son investiture la veille par son parti. Il ne souhaite pas que sa candidature "soit utilisée" contre le Nouveau Front populaire "dans un moment où toute l'énergie doit être utilisée pour battre l'extrême droite", a-t-il déclaré dans une allocution à la presse à Lille, après les nombreuses réactions que son investiture a suscitées chez les socialistes et les écologistes notamment.

Saluant cette décision, LFI a annoncé investir un autre candidat, Aurélien Le Coq. Mais la militante féministe Amy Bah, qui s'était portée candidate contre Adrien Quatennens et qui est soutenue par la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, a maintenu sa candidature.

Autre point de tension chez LFI : le parti a refusé d'investir plusieurs députés sortants devenus critiques sur le fonctionnement du parti, comme Danielle Simonnet, Raquel Garrido et Alexis Corbière. "Les investitures à vie n'existent pas" au sein de notre mouvement, a cinglé Jean-Luc Mélenchon, mettant en cause leur "loyauté".

D'autres postulants suscitent de vives critiques, à l'image du militant antifa Raphaël Arnault, fiché S dans le registre policier recensant les individus potentiellement dangereux pour la sécurité nationale et retenu par LFI dans la première circonscription du Vaucluse. Les autres forces de gauche du département ont apporté lundi leur soutien à Philippe Pascal, ex-inspecteur du travail et bénévole humanitaire, pour battre l'extrême droite.

Une soixantaine de candidats soutenus par Eric Ciotti et le Rassemblement national

Après le séisme provoqué par son alliance avec le Rassemblement national, le président de LR, Eric Ciotti, a finalement annoncé dimanche soir qu'il y aurait 62 candidats "du rassemblement des droites" soutenu par le RN. A peine la moitié d'entre eux adhèrent aux Républicains. Ils se sont déclarés en préfecture sous la bannière "Les amis d'Eric Ciotti". "La liste mêle d'anciens zemmouristes, des proches de Marion Maréchal, des chroniqueurs de CNews, un porte-parole de Donald Trump en France et une ex-députée macroniste", résume Le Monde. Quelques jeunes cadres de LR ont tout de même rejoint la ligne d'Eric Ciotti. Il s'agit aussi d'élus locaux, partisans d'une ligne dure au sein du parti. En tout état de cause, le Niçois semble n'avoir rallié aucune figure nationale de son mouvement.

Le député sortant est lui-même candidat dans les Alpes-Maritimes, avec le soutien du parti Reconquête d'Eric Zemmour. Face à lui, LR a choisi de présenter la candidature de Virgile Vannier, a annoncé la commission d'investiture LR à franceinfo. Par ailleurs, la branche "canal historique" du parti, opposée à Eric Ciotti, a déclaré dimanche soir avoir investi "près de 400 candidats". Il n'y aura notamment aucun adversaire issu de ces investitures face au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui fera néanmoins face à un candidat divers droite, un RN et un Reconquête dans sa circonscription de Tourcoing (Nord).

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