Résultats des législatives 2024 : union de la gauche en tête, participation record, revers pour le RN... Ce qu'il faut retenir du 2d tour

Le Nouveau Front populaire devient la nouvelle force majoritaire à l'Assemblée nationale, suivi par le camp présidentiel puis le Rassemblement national.
Article rédigé par Zoé Aucaigne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Des partisans de la gauche se réunissent place de la République à Paris, pour célébrer les résultats du second tour des législatives, le 7 juillet 2024, à Paris. (YOAN VALAT / MAXPPP)

Retournement de situation dans les urnes. Le Nouveau Front populaire a créé la surprise au second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet. L'alliance de gauche est arrivée en tête et remporte 180 sièges à l'Assemblée nationale, selon les résultats du ministère de l'Intérieur. Le Rassemblement national – avec ses alliés –, en tête des sondages pendant la campagne, rate la marche, mais gonfle ses effectifs : de 89 élus jusque-là, le parti obtient 143 députés.

A l'inverse, le camp présidentiel fait mieux qu'attendu – 163 sièges –, bénéficiant des désistements d'entre-deux-tours. Il perd tout de même une centaine de députés. Mais le pari de la dissolution lancé par Emmanuel Macron le 9 juin, entraînant la tenue d'élections législatives anticipées, aurait pu se solder par une déroute bien plus lourde. Voici ce qu'il faut retenir du scrutin et du nouveau visage de l'Assemblée nationale. 

L'alliance de gauche devient la première force de l'hémicycle

Le Nouveau Front populaire devient la première force politique de l'Assemblée nationale avec 180 députés élus, selon le ministère de l'Intérieur. L'alliance de gauche n'atteint pas la majorité absolue, mais déjoue les pronostics, qui la plaçaient derrière le RN. "C'est un immense soulagement pour une écrasante majorité de personnes dans notre pays. (...) Ces personnes se sont senties menacées, terriblement. Qu'elles se rassurent, elles ont gagné", a réagi Jean-Luc Mélenchon sur France 2, dimanche soir.

La nouvelle union de la gauche fait mieux que la Nupes, précédente alliance entre La France insoumise, le Parti socialiste, Les Ecologistes et le Parti communiste français. Celle-ci disposait de 150 sièges dans l'hémicycle. Le leader de La France insoumise a appelé le Premier ministre à "s'en aller". "Le président a le devoir d'appeler le Nouveau Front populaire à gouverner", a-t-il également martelé.

Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a de son côté déclaré que "le rôle du Nouveau Front populaire et en son cœur" du PS serait de "refonder un projet collectif pour notre pays".

Un résultat mitigé pour le Rassemblement national

Le RN essuie un revers inattendu, tout en prenant de plus en plus de place dans l'hémicycle. Donné en tête des sondages pendant une campagne emmenée par Jordan Bardella qui s'imaginait déjà Premier ministre, le parti et ses alliés obtient finalement 143 élus et devient la troisième force politique dans l'hémicycle.

A lui seul, le RN prend 126 sièges. Alliés à l'extrême droite, le président contesté des Républicains, Eric Ciotti, et ses soutiens auront quant à eux de 17 députés. "La marée monte. Elle n'est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter et, par conséquent, notre victoire n'est que différée", a déclaré sur TF1 Marine Le Pen à l'issue du scrutin. Jordan Bardella a de son côté assuré que "le Rassemblement national [allait] amplifier son travail à l'Assemblée nationale" lors d'une allocution.

Le camp présidentiel sauve les meubles mais perd une centaine de députés

Les alliés du président, réunis sous l'étiquette Ensemble aux législatives, font mieux qu'attendu en devançant le RN. "Nous avons tenu et nous sommes debout avec trois fois plus de députés que ce que donnaient certaines estimations au début de cette campagne", a salué Gabriel Attal. Les candidats de la macronie ont pu profiter des désistements des candidats NFP lorsque le RN était en tête, selon l'étude Ipsos-Talan pour Radio France, France Télévisions, France 24-RFI et LCP-Assemblée nationale : 72% des électeurs de l'union de la gauche lors du premier ont voté au second tour pour les prétendants Ensemble aux prises avec un candidat RN.

Mais chacune des composantes de la coalition voit ses effectifs se réduire. Renaissance, le parti présidentiel, n'aura que 98 sièges dans la future Assemblée, contre 169 avant la dissolution. Le MoDem, la formation de François Bayrou, qui avait un groupe de 50 parlementaires, enverra 34 députés à l'Assemblée. Enfin, Horizons, parti d'Edouard Philippe, marque un léger retrait, avec 26 élus, contre 31 députés auparavant.

Gabriel Attal présentera sa démission, mais restera "aussi longtemps que le devoir l'exigera"

Gabriel Attal a été réélu dans les Hauts-de-Seine, mais c'est une victoire en demi-teinte : le Premier ministre a annoncé qu'il présenterait lundi matin sa démission au président Emmanuel Macron. Le chef du gouvernement s'est tout de même dit prêt à rester à Matignon "aussi longtemps que le devoir l'exigera[it]", faisant référence aux Jeux olympiques qui s'ouvrent le 26 juillet.

De son côté, la présidence a fait savoir qu'Emmanuel Macron allait attendre de connaître la "structuration" de la nouvelle Assemblée avant de choisir les personnes invitées à rejoindre le gouvernement.

Des personnalités politiques, dont François Hollande, Gérald Darmanin ou Olivier Marleix, réélues

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé sa réélection dans sa circonscription de Tourcoing (Nord) face au candidat RN. Dans la 6e circonscription du Calvados, l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne l'a emporté avec 56,36% des voix devant Nicolas Calbrix (RN). 

A gauche, l'ancien président François Hollande s'est imposé largement en Corrèze. De son côté, François Ruffin a été réélu de justesse dans la Somme face à la candidate du RN. A droite, Eric Ciotti, le président de LR allié au RN, a gagné dans les Alpes-Maritimes.

Un taux de participation record depuis 1997, un peu plus élevé qu'au premier tour

Les électeurs se sont massivement mobilisés pour le second tour des élections législatives. Le taux de participation final atteint 67,1%, selon notre estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP. C'est légèrement plus élevé qu'au premier tour, lors duquel 66,6% des électeurs inscrits s'étaient rendus aux urnes.

Ce scrutin a provoqué nettement plus d'engouement que le second tour des dernières législatives, en 2022. Moins de la moitié des inscrits (46,23%) s'étaient rendus dans les isoloirs. C'est également la plus forte mobilisation pour des élections depuis 1997 (67,9%). 

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